Aujourd'hui j'ai vu à travers l'oeilleton sur un mur, une invitation à ma curiosité malsaine. Tout près, mon oeil collé sur le judas, un homme noir se tenait assis avec sur la table, un livre grand ouvert où était dessiné deux visages au crayon noir. Je n'ai pas reconnu les portraits.
L'homme sentait ma présence, ça se voyait dans son regard, je le ressentais ainsi mais je ne saurais dire si il savait que je l'observais.
Il s'est levé, à refermé le livre et il s'est dirigé vers le fond de la piéce exiguë. Au passage, de sa main gauche, il a bousculé le majestueux lustre qui pendait au plafond. Le balancement du lustre, le silence et les pas lents de l'homme invoquait l'étrangeté.
Sur le mur du fond, trois lettres difformes peintes en noir: VDN ou bien HTN, je ne sais plus.
Il a enlevé sa chemise sale faisant valser ses dreadlocks.
Torse nu, il a accroché le drapeau des états confédérés d'Amérique au mur de droite, puis il a enfilé la tenue blanche du Ku Klux Klan. Il est ensuite rentré dans une rage folle, il criait: des râles du fond de la gorge, comme un être blessé et agonisant, il crachait tous ses poumons jusqu'à être exténué.
C'est là qu'il s'est tu pour se diriger vers une boîte dans le coin gauche. Boîte que j'avais déjà remarqué des le premier regard. Les curieux remarquent toujours les boîtes dans une pièce, celles qui peuvent renfermer des secrets.
Il a alors sorti un revolver et il a pointé sur moi. Je suis quand même resté à le regarder, mon oeil collé à l'oeilleton, car je savais que je ne risquais rien.
Il a tiré.
Une fois, deux fois, trois fois mais l'arme était ... Comment on dit quand l'arme est coincé, qu'il y a un cliquetis mais que les balles ne sortent pas ?
J'ai un trou de mémoire.