Liberté : Mais tu chantes quoi exactement ?
Djamel sabri : Je ne sais même pas si je chante. Je crois que je me contente de dire à ma manière. Il y a des réalités qui s’imposent dans le temps et dans l’espace. Prenez la chanson Bachtola, par exemple, c’est inspiré de la tradition et du génie populaire. Un homme avec sa bachtola (pistolet) veut défier la tribu de sa bien-aimée et toutes les autres tribus, si c’était nécessaire. C’est la mort certaine, mais c’est aussi l’amour absolu. Ce n’est pas une histoire qui nous vient d’Orient ou d’Occident, non, c’est une histoire racontée par les anciens et elle a eu lieu dans le pays chaoui. Pour répondre à votre question, je crois que, quelque part, je suis en train de dépoussiérer une culture, une civilisation, méprisée par les siens. El Harez, Chaoui yegouma ou Yemma el Kahina, que j’ai chantées à Tizi Ouzou en présence du regretté Matoub, c’est l’histoire partagée, le destin commun et pas uniquement au Djurdjura. Je reçois des centaines, sinon des milliers, de lettres électroniques de jeunes filles ou garçons, de toute l’Algérie, qui reprennent surtout Yemma el Kahina, en arabe ou en berbère. Cela me fait un énorme plaisir, car j’ai réussi à partager et c’est ce que je voulais. On me disait que j’ai des textes difficiles, il n’en est rien, et je vous avoue que je ne suis pas moutrib, ça fait très égyptien et ça ne me plaît pas du tout.
Liberté : Vingt après, où en es-tu ?
Djamel sabri : Et après ? (Rires). J’ai toujours la même fougue et la même idée. Je porte l’âme berbère dans mon cœur, pas sur mes vêtements. Puisque je vous aime bien, je vous informe que nous entamons un travail pour un nouvel album. Les Rahaba (troupes traditionnelles dans les Aurès) disent : “Viens, on va taper du pied jusqu’à faire trembler la terre.” Et c’est ce qu’ils font depuis la nuit des temps. Ils maintiennent en vie une tradition, une pratique qui a frisé la mort. J’ai la prétention de faire la même chose. Chaque chanson, chaque texte, chaque album est une tentative, pour garder notre culture, notre histoire, notre identité en vie, et vivre notre époque. C’est la réussite de cette alchimie, avoir une racine, ne pas la perdre, car c’est notre ancrage, mais aussi vivre notre époque, dire qui nous sommes, pas qui nous voulons être.
November 9, 2010
Djamel sabri : Je ne sais même pas si je chante. Je crois que je me contente de dire à ma manière. Il y a des réalités qui s’imposent dans le temps et dans l’espace. Prenez la chanson Bachtola, par exemple, c’est inspiré de la tradition et du génie populaire. Un homme avec sa bachtola (pistolet) veut défier la tribu de sa bien-aimée et toutes les autres tribus, si c’était nécessaire. C’est la mort certaine, mais c’est aussi l’amour absolu. Ce n’est pas une histoire qui nous vient d’Orient ou d’Occident, non, c’est une histoire racontée par les anciens et elle a eu lieu dans le pays chaoui. Pour répondre à votre question, je crois que, quelque part, je suis en train de dépoussiérer une culture, une civilisation, méprisée par les siens. El Harez, Chaoui yegouma ou Yemma el Kahina, que j’ai chantées à Tizi Ouzou en présence du regretté Matoub, c’est l’histoire partagée, le destin commun et pas uniquement au Djurdjura. Je reçois des centaines, sinon des milliers, de lettres électroniques de jeunes filles ou garçons, de toute l’Algérie, qui reprennent surtout Yemma el Kahina, en arabe ou en berbère. Cela me fait un énorme plaisir, car j’ai réussi à partager et c’est ce que je voulais. On me disait que j’ai des textes difficiles, il n’en est rien, et je vous avoue que je ne suis pas moutrib, ça fait très égyptien et ça ne me plaît pas du tout.
Liberté : Vingt après, où en es-tu ?
Djamel sabri : Et après ? (Rires). J’ai toujours la même fougue et la même idée. Je porte l’âme berbère dans mon cœur, pas sur mes vêtements. Puisque je vous aime bien, je vous informe que nous entamons un travail pour un nouvel album. Les Rahaba (troupes traditionnelles dans les Aurès) disent : “Viens, on va taper du pied jusqu’à faire trembler la terre.” Et c’est ce qu’ils font depuis la nuit des temps. Ils maintiennent en vie une tradition, une pratique qui a frisé la mort. J’ai la prétention de faire la même chose. Chaque chanson, chaque texte, chaque album est une tentative, pour garder notre culture, notre histoire, notre identité en vie, et vivre notre époque. C’est la réussite de cette alchimie, avoir une racine, ne pas la perdre, car c’est notre ancrage, mais aussi vivre notre époque, dire qui nous sommes, pas qui nous voulons être.
November 9, 2010