Bonsoir,
Tout d'abord, je tiens à dire que j'ai hésité avant de poster ce sujet dans la section islam. En effet, il n'est pas question ici d'islam stricto sensu... Cependant, on peut considérer que la Trinité est bel et bien une question islamique dans le sens où le Coran l'a abordé à plusieurs reprises, ainsi que les théologiens musulmans. Même s'il s'agissait à chaque fois de la contredire, on peut dire que cette doctrine fait quand même partie intégrante de la pensée musulmane, qui s'est construite en quelque sorte comme son antithèse, son négatif absolu. C'est pourquoi je me suis permis de créer le sujet.
Voilà de quoi il en retourne : comment Jésus, le Fils, pourrait-il être Dieu au même titre que le Père sans pour autant être le Père en même temps ? Cette question (ou ses avatars) revient assez souvent sur ce forum, et la manière dont elle est traitée (mépris, haine, incompréhension, raillerie, etc...) montre bien qu'il s'agit d'un problème compliqué. Autant avouer tout de suite que ce n'est pas non-plus simple comme bonjour pour les chrétiens eux-mêmes, car, il faut l'accepter, il s'agit d'une doctrine difficile à comprendre ! En effet, contrairement à ce que certains prêcheurs de fast food voudraient faire croire, la théologie n'est pas forcément quelque chose de facile, au contraire. Il faut parfois accepter de forcer son esprit à l'ouverture, de mettre un pied dans l'inconnu où tout ne se résout pas à grands coups de slogans mono-phrases...
Alors voilà, l'Eglise reconnaissant elle-même que la Trinité relève d'un mystère dépassant notre pauvre logique humaine, je ne débarque pas ici en hurlant : "j'ai tout compris, voilà la solution !" En fait, je voulais juste partager une explication de Maître ECKHART à ce sujet, qui m'a paru être l'une des plus simples et des plus éclairantes possibles, même s'il y a sans doute des choses à y redire :
"Il faut d'abord savoir que le sage et la Sagesse, le vrai et la Vérité, le juste et la Justice, le bon et la Bonté se rapportent l'un à l'autre et se comportent ainsi les uns relativement aux autres : la Bonté n'est pas créée, elle n'est pas faite, elle n'est pas engendrée ; elle est génératrice et engendre le bon ; et le bon, dans la mesure où il est bon, n'est pas fait et est incréé, et pourtant il est engendré à la fois enfant en fils de la Bonté.
Dans le bon la Bonté s'engendre elle-même avec tout ce qu'elle est : être, savoir, amour et action, elle infuse tout cela dans le bon, et le bon reçoit du coeur et du tréfonds de la bonté, et de là seulement, tout son être, son savoir, son amour et son action.
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