Administration et coups de fouet
Le groupe ultraradical avait aussi sa police, la redoutable "
hisba", qui pouvait distribuer amendes ou coups de fouet à un homme dont l'haleine avait des relents de cigarette ou d'alcool, ou à une femme dont les mains ou le visage dépassaient du long voile noir que l'EI imposait jusqu'aux petites filles.
Ses tribunaux ordonnaient la mort, par décapitation, pendaison ou lapidation, ou emprisonnaient ceux qui ne payaient pas l'impôt, obligatoire.
Ces châtiments corporels et autres exécutions étaient menés en place publique. Et tout le monde devait y assister, rapportent ceux qui ont vécu les années d'occupation djihadiste.
Les têtes coupées étaient ensuite exhibées ou les corps laissés des jours à pendre au bout des potences, "
pour l'exemple" et pour "
terroriser" un peu plus des habitants qui évoquent encore ces épisodes avec effroi.
A Mossoul ou Hawija en Irak, à Raqa ou Baghouz en Syrie, de nombreux déplacés racontent la même histoire: celle d'une entreprise violente et mortifère régie par la bureaucratie.
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Ils ont exécuté mon mari et ne m'ont jamais remis le corps mais ils m'ont délivré un certificat de décès signé de l'Etat islamique", ont affirmé différentes femmes à l'AFP dans plusieurs villes reprises à l'EI.
Que sont devenus les disparus et prisonniers?
Il faudra des années pour découvrir le sort de ces disparus. Car les plus de 200 charniers laissés derrière lui par l'EI en Irak et les autres renfermant jusqu'à 5.000 corps dans le nord et le nord-est de la Syrie repris à l'EI doivent encore être ouverts.
Quant aux prisonniers, un temps utilisés comme boucliers humains, personne ne sait ce qu'ils sont devenus.
Au sein de la minorité yazidie, la plus persécutée par l'EI, plus de 3000 membres manquent toujours à l'appel.
En 2014, les femmes de cette communauté kurdophone pratiquant une religion ésotérique ont été arrachées de force aux leurs. Vendues aux marchés aux esclaves, elles ont été violées et mariées de force à des djihadistes qui les ont embarqués avec eux jusque dans leur dernier réduit.
Endoctrinés à l'école
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On faisait tout ce qu'ils réclamaient", racontait récemment à l'AFP Bessa Hamad, une Yazidie irakienne "
achetée et revendue" six fois par des djihadistes avant de fuir l'ultime réduit de l'EI en Syrie. "
On ne pouvait pas dire non".
Les jeunes garçons yazidis, eux, ont été transformés en enfants-soldats avec lesquels leurs familles -pour ceux qui ont pu être retrouvés- peinent désormais à dialoguer et à renouer, tant ils ont été endoctrinés et entraînés à haïr la langue et la religion de leurs parents.
Dès l'école, l'EI inculquait aux enfants son idéologie littéraliste et violente. Dans les livres de mathématiques, on additionnait des mitraillettes et des grenades. Dans les livres de contes, on défigurait les personnages car toute représentation humaine était interdite.
Rencontré aux derniers jours du califat, après s'être rendu à Baghouz, un partisan de l'EI, Abdel Moneim Najia, affirmait à l'AFP que sous le "
califat", "
la loi de Dieu était appliquée".
Mais, ajoutait-il, l'EI, qui ne cesse d'affirmer que toute autre loi est injuste, a failli lui aussi.
"
Il y avait des injustices, des dirigeants ont volé l'argent et abandonné le peuple", accusait-il.
Les griefs mêmes sur lesquels l'EI avait prospéré lors de sa percée de 2014 face à des Syriens et des Irakiens lassés de la corruption et de l'incurie rampantes dans leurs pays.
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