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La contextualisation se base sur le contexte (je sais j'ai l'air bête en disant ça), c'est-à-dire sur la réalité historique, communautaire, politique, religieuse, spirituelle. Étant basé principalement sur des sources externes (mais aussi internes), ce contexte doit sans cesse être l'objet d'une remise en question, d'une recherche qui ne se rassasierait pas des idées déjà énoncées. Raison pour laquelle il ne faut pas en faire une réalité absolue. Les puristes n'auront qu'à se contenter des multiples informations disséminées dans le Coran. Mais lorsque nous sommes à la recherche constante d'une vérité, aussi religieuse soit-elle, il est impossible de ne pas se torturer l'esprit pour arriver à un semblant de Vrai. Cet exercice n'est donc pas à conseiller à ceux qui veulent se complaire dans un mode de pensée, et rester dans leurs confortables croyances. C'est la différence entre la connaissance et la sagesse, entre la croyance et la recherche. J'ai choisi les secondes options.
Pour ma part, l'idée n'est pas de faire la différence entre ce qui doit être contextualisé et ce qui doit être intemporel: le Coran nous l'informe déjà! Par contre, ce qui est nécessaire à mon sens, est d'établir la nette distinction entre l'esprit de la loi et l'application de la loi. Une illustration vaut mieux qu'une de mes explications: le vol a été interdit tant dans l'Ancien Testament que le Nouveau, et aussi dans le Coran. Par contre, la peine encourue est différente. Pourquoi Dieu prendrait la peine de changer Ses lois, Lui pour qui des milliards d'années ne sont qu'un éternuement? Tout simplement parce que les lois s'inscrivent dans une réalité historique que nul ne peut nier. Par contre, le principe en lui-même est immuable: le vol, c'est mal. Cette distinction permet justement de ne pas sombrer dans le littéralisme et ne s'attacher uniquement à la lettre, mais s'approcher de l'esprit, de la substance du message divin. Ceci permettant non plus de jouer sur la peur de la peine encourue mais plutôt sur le bien-fondé de cette recommandation. C'est le passage de la soumission (terme que j'ai toujours refusé comme étant la traduction du mot Islam), à l'obéissance. Quand à la dernière interrogation, pourquoi accoler ce mot "uniquement". Certes non, cette contextualisation ne doit pas reposer uniquement sur la raison, mais en partie sur elle. Quoique je nuancerais ce "en partie" dans la mesure où tout est imbriqué et tout est liée: il n'y a pas la raison d'une part et le reste, il y a plutôt un ensemble homogène dans lequel toutes les disciplines s'interpénètrent. Ce n'est que la méthode d'application humaine qui fait séparer tout cela, dans un souci de compréhension. D'ailleurs la racine arabe ba-ya-nun illustre à merveille ce principe, puisqu'elle signifie tant "éclaircir" que "séparer".