les investissements dans les infrastructures en afrique et les subventions aux productions agricoles des colonies ont coûté plus cher que ce que les colonies ont rapporté à la métropole. On chiffre à 70 milliards de francs or (courant 1913) le déficit global de la colonisation en afrique, soit l'équivalent de trois fois le montant de l'aide marshall pour la france8.
Toutefois, il convient de nuancer ce raisonnement. En effet, les colonies n'avaient pas vocation à rapporter directement de l'argent à leur métropole. Elles constituaient essentiellement un réservoir de matières premières pour les industries métropolitaines, et des débouchés pour les biens et services fabriqués en métropole. Cette fonction systémique a été amplement remplie jusqu'au-delà de la période coloniale, puisque l'afrique dite du « pré carré français » demeure encore l'une de ses principales sources d'approvisionnement en matières premières, notamment en vertu d'accords économiques, financiers et monétaires conclus à la veille des indépendances9: Café, cacao, pétrole, arachide, coton, bois, uranium, bauxite, phosphate, etc.
Quant aux investissements financiers de la métropole dans ses colonies, les principaux destinataires et bénéficiaires de ces transferts financiers étaient les compagnies métropolitaines spécialisées dans l'exploitation économique des colonies. Les commandes d'infrastructures étaient faites à des sociétés comme colas, tandis que les subventions aux productions agricoles enrichissaient la cfso (compagnie forestière sanga-oubangui), la cfao (compagnie financière de l'afrique occidentale), la cica (compagnie industrielle et commerciale africaine) ou encore la scoa (société commerciale de l'ouest africain); lesquelles compagnies rapatriaient leurs profits en métropole.