Au maroc c'est un an de prison pour avoir mangé pendant le ramadan.
Lors dun talk-show de la radio casablancaise privée Atlantic, une juriste a doctement expliqué que larticle 222 du code pénal est non seulement en harmonie avec la nouvelle Constitution marocaine qui réaffirme que lislam est la religion dEtat (on lavait compris), mais que cette loi est «avant-gardiste car elle prévoit des exceptions» (!).
Cette femme de loi qui rappelle avec emphase que la loi ninterdit pas de manger en cachette (encore heureux) en veut pour preuve quen plus des mineurs qui ne sont pas en âge de procréer, seules les personnes malades et les femmes menstrues peuvent rompre le jeûne en public.
Faut-il alors être contraint de prouver en tant que mineur son incapacité à procréer (on se demande bien comment), produire un certificat médical ou faire état de son cycle menstruel à la caisse des McDo?
Non, car il est «préférable que ces personnes mangent loin du regard dautrui», précise la juriste, qui sort des clous de la loi pour livrer sa propre exégèse théologique reprenant lantienne qui veut que manger en public est choquant pour ceux qui observent le ramadan.
Ce sera donc encore une fois «à emporter», pour éviter la fitna, ce désordre social, destructeur des bonnes murs, de la morale et de la foi si craint des fidèles.
La laïcité nest-elle pas la mère de tous les vices et de la dépravation venus dOccident, pour les islamistes, les conservateurs, mais aussi lEtat, qui campe sur cette «constante de la nation» quest lislam pour régir la vie sociale et politique du royaume?
Mais alors, des chrétiens attablés au McDo ne sont-ils pas susceptibles de choquer eux aussi les musulmans? A cela, point de réponse, si ce nest davouer que le Maroc navigue en pleine schizophrénie entre ouverture sur le monde et repli identitaire et religieux.
Ali Amar