La Tunisie donne tort à BHL, le philosophe de la « guerre humanitaire »
En proie à de nombreux tourments, notre vaste monde subit aussi les sinueux détours que fait emprunter à la Grande Histoire une légion de stratèges, tous avides d’y contempler leur reflet narcissique, à l’instar de la très conceptuelle « guerre humanitaire » en Libye, imaginée, mise en mots et en scène par le philosophe du néant et de l’anéantissement, BHL.
Que sa chemise à la blancheur virginale soit toujours immaculée tient du miracle, tant ce fossoyeur de la paix au Proche-Orient aura réussi à semer la mort et le chaos sur le sol libyen. Mais c’était sans compter le bien mauvais tour qu’allait lui jouer le destin : lui, l’imposteur de la cause arabe, mais le vrai super agent d’influence d’Israël, a hissé au pouvoir le CNT, et à travers lui la charia. Un comble !
Afin d’éviter la disgrâce tricolore, notre piteux « Botuliste » qui voulait être chef de la diplomatie française se fait depuis quelques jours linguiste distingué, nuançant tous les a priori sur la charia que lui-même a fortement contribué à ancrer dans les esprits. Un périlleux numéro d’équilibriste de l’étymologie pour l’« intellectuel faussaire » subtilement croqué par Pascal Boniface !
Pendant ce temps là, la Tunisie, dont le printemps révolutionnaire a laissé BHL atone, a écrit une nouvelle page dans le grand livre blanc de la démocratie, en élisant Ennahda à une écrasante majorité. Mais, à peine le parti de Rached Ghannouchi avait-il été plébiscité par le peuple tunisien, que le chiffon rouge de l’islamisme le plus funeste fut agité par notre oracle va-t-en-guerre, ainsi que par ses innombrables affidés et séides. Après l’offensive belliqueuse en Libye, la guerre psychologique était déclenchée, à distance depuis la France, contre la démocratie naissante aux effluves du jasmin.
De bourdes monumentales en déconvenues cuisantes, BHL serait pourtant mieux avisé de se soucier de ses fiascos livresques plutôt que de s’acharner à déconstruire une partie du monde, toujours la même, pour la vassaliser. Il avait pris le grand train de la révolution tunisienne en marche, et plutôt à contre cœur, que va-t-il pouvoir trouver à redire alors que l’on apprend que la religion sera absente de la nouvelle Constitution tunisienne, plus encline à favoriser les questions des droits de l’homme, de la démocratie et de l’économie de marché, comme l’a annoncé le parti Ennahda ?
Loin des noires prédictions de notre Cassandre et de tous les oiseaux de mauvais augure qui gravitent dans son sillage mal inspiré, le gouvernement tunisien, dont la composition devrait être rendue publique la semaine prochaine, n’introduira pas le principe de la charia ni d’autres principes islamiques susceptibles d’empiéter sur le caractère laïque de la Constitution en vigueur. “ Nous ne voulons pas imposer un style de vie particulier ”, a indiqué à Reuters, Rached Ghannouchi, qui signe là un retour triomphal après un exil à Londres pendant plus de vingt ans.