Ceux ou celle qui affirment que la cause du sahara est sacrée se trompent
Echec au roi
Le retour triomphal, ce jeudi, de la militante sahraouie Aminatou Haïdar chez elle, au Sahara occidental, est un véritable crime de lèse-majesté. Le monarque marocain devrait apprendre désormais quil ne faut jamais jurer de rien quand on nest pas maître de ses actes.
Il a suffi que Sarkozy hausse un peu le ton pour que la fièvre monte au makhzen. Et le président français sest payé un bon coup de pub en rendant public comment il a « ordonné » le retour dAminatou Haïdar. LElysée a en effet rendu public un communiqué dans lequel il est révélé que le président français a demandé au Maroc de remettre un passeport à Mme Haïdar.
Ce communiqué a fait suite à la convocation à Paris du ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. « Lordre » de Sarkozy nest pas tombé dans loreille dun sourd puisque M6 a aussitôt répondu par un message quil allait sexécuter. Et comme pour sauver les apparences dun palais royal à la fierté lézardée, le communiqué de lElysée a été « saucé » dune formule euphémique évoquant « la tradition douverture et de générosité du Maroc ».
Mais il est difficile de faire avaler une telle couleuvre à lopinion marocaine qui a été abreuvée, un mois durant, du niet scellé et non négociable que Aminatou Haïdar puisse remettre les pieds à Laâyoune. Pari sèchement perdu pour notre ami le roi. Pari gagné pour la militante sahraouie. Et sensationnel triomphe diplomatique de Paris !
Voulant sans doute sauver la face dans ce qui sapparente à un immense échec au roi, le ministère des Affaires étrangères de Sa Majesté a estimé hier que le Maroc avait accédé à la demande de « pays amis et partenaires » en faveur dun retour de Mme Haïdar à Laâyoune.
Mais pourquoi donc avoir attendu un mois pour accéder à la demande des « amis » si tant est que cela ne tenait quà cela ? En réalité, cette fameuse demande sest transformée en ordre émanant, ces derniers jours, de Paris et Washington. Et Rabat sait quil ne peut refuser quoi que ce soit à ces deux capitales pour la simple raison que sa colonisation du Sahara ne tient quà leurs soutiens.
Fihri étale une fausse autonomie diplomatique en précisant que même si Aminatou Haïdar est autorisée à rentrer chez elle, le Maroc « restait ferme sur le respect total de la loi marocaine, par tous, sans exception et sur lintégralité du territoire national ». Réponse dAminatou Haïdar avant même datterrir à Laâyoune : « Cest un triomphe du droit international, des droits de lhomme, de la justice internationale et de la cause sahraouie ! » Voilà qui bat en brèche la thèse de ce ministre qui croit avoir obtenu le silence ad vitam aeternam de licône Haïdar.
Moralité : à trop vouloir défendre son « plan » dautonomie, le royaume a fini par prouver au monde entier quil ne dispose pas de sa propre autonomie de décision. La vaillante Aminatou Haïdar a provoqué, sans le préméditer, la mise à nu du makhzen.
Courrier International de ce jour