Procès Jawad: "Je ne fricote pas avec des terroristes"
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Iris Peron,publié le 29/11/2018 à 20:57
"Ça risque d'être un peu mouvementé...", raillait l'une des avocates de parties civiles avant même que l'audience ne débute ce jeudi. Elle ne croyait pas si bien dire. Si la veille, à la même place, Jawad Bendaoud avait juré, vociféré, jusqu'à exploser sous le feu des questions du président de la cour d'appel de Paris, il n'a pas franchement calmé ses ardeurs ce jeudi.
Au cinquième jour d'audience, le "logeur de Daech", jugé en appel pour "recel de malfaiteur terroriste", devait cette fois répondre aux avocats représentant 780 parties civiles. Avec, au coeur des débats, une interrogation: comment, en dépit des éléments à sa disposition, a-t-il pu ne pas faire le lien entre les individus qu'il a logés, quatre jours après les sanglants attentats du 13 novembre, dans un squat de Saint-Denis et les terroristes en cavale ?
A la barre l'homme de 32 ans, cheveux gominés, lourds bijoux, moulé dans le même jogging noir aux bandes pailletées qu'au premier jour de son procès -tenue qui détonne toujours autant face aux robes austères des avocats et des magistrats- tourne en boucle pour clamer son innocence.
"Vous inventez des choses, vous cherchez quoi ?"
Me Helena Christidis, la première des sept avocats qui vont se succéder, l'interroge sur son emploi du temps avant le 17 novembre 2015, jour où il installe deux des terroristes Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh dans un appartement dont il s'est arrogé la propriété. Ses hôtes mourront le lendemain, dans un assaut du Raid.
Le trentenaire clame une nouvelle fois qu'après le vendredi 13 il s'est "défoncé", qu'il est resté dans sa "bulle" car assailli par les problèmes : "J'avais pris 35 ou 40 g de coke, j'ai appris que mon fils avait un handicap moteur, l'autre (l'une de ses compagnes) elle était enceinte, et puis fallait que j'assure ma voiture..."
"J'ai toujours été comme ça. Jawad il aime en faire des tonnes"
Tout en gesticulant, tapant parfois sur la barre, il martèle, en boucle, les mêmes assertions. "J'ai pas regardé la TV du vendredi au mercredi". L'homme au lourd casier judiciaire, tente aussi un autre argument. "J'ai fait 14 ans de prison, pendant 14 ans j'ai regardé la TV, pourquoi je vais regarder la TV encore dehors ?"
Menaces envers les avocats et soupirs du président
Le 17 novembre 2015, il rencontre les deux terroristes qu'il doit héberger, accompagnés d'Hasna Aît Boulahcen, cousine d'Abdelamid Abaaoud, "une maghrébine un peu chaude" et de son ami Mohamed Soumah "un black, son plan *** ", qu'il connaît depuis la prison et qui les a mis en relation. Ce dernier, qui était son co-prévenu en première instance, a écopé de cinq ans de prison. "J'ai vu une nana deux minutes, j'ai vu des mecs 5 minutes... ", s'énerve Jawad Bendaoud face aux demandes de précision sur les profils de ses hôtes. Il est nerveux, ses doigts gigotent. "C'est difficile", souffle le président qui lui intime régulièrement de cesser de couper la parole à ses interlocuteurs.
"Comment je peux me dire que des mecs qui ont fait des attentats au stade de France, ils vont dormir dans ma rue. Y'a des signes que j'ai mal interprétés", commente aussi ce père de famille, en décrivant Abaaoud et Choukri comme des "jeunes à l'air craintifs ". Certes un peu "louches", mais "louche et terroriste, ça n'a rien à voir". "Moi je me suis associé avec Soumah pour faire du trafic de stup, pour faire de l'argent, pas pour héberger des terroristes", assure-t-il aussi sans détour. Quitte à se victimiser. "Je démarre une activité de location d'appartement, et paf, trois semaines après je me retrouve avec le numéro un francophone de Daech. J'ai pas de chance c'est tout."
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"T'es dealer, braqueur, tu viens chez moi. T'es un terroriste, tu rentres pas"
Puis, il reprend ses esprits et tente une nouvelle fois de se dédouaner. "Je ne fricote pas avec des terroristes M. le juge". L'ex-marchand de sommeil est catégorique : "T'es dealer, braqueur, tu viens chez moi. Avec 100 kg de coke, y'a pas de problème, mais t'es un terroriste, tu rentres pas". "J'ai hébergé même des gens qui ont cuisiné des kilos de coke, on me paye 500 euros de l'heure", fanfaronne-t-il aussi. "J'ai pas beaucoup de principes mais, j'ai un principe, celui de ne pas héberger des terroristes", dit également celui qui affirme être le "premier ennemi" d'Abaaoud.
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Et bien moi je ne comprends pas pourquio on n'est pas poursuivi en France pour loger des dealers, braqueurs, des genq qui viennent avec 100 kilos de coke et qui cuisine des kilos de drogue dans ses squats ??????