Vu sa situation géographique et aussi économique et sociale,le Maroc est devenu l’un des premiers pays exportateurs de l’émigration clandestine vers le nord. Il est également un pays de transit tout désigné pour les clandestins venant d’autres pays du sud.
Différents moyens de transport sont utilisés pour effectuer la traversée. Il y a bien entendu les pateras, ces fameuses barques de la mort, utilisées à partir du détroit et qui n’ont pas cessé de défrayer la chronique avec les dizaines de cadavres qui échouent sur les côtes espagnoles. En raison du danger que représentent ces embarcations, on les préfère,à présent,à des navires qui offrent non seulement une sécurité totale,mais aussi plus de confort et parfois même de la nourriture quand on arrive à se glisser à l’intérieur d’un chargement de produits agricoles.
Pour accéder au navire, les uns s’y rendent directement, escaladant les murs ou parfois à la nage en nocturne, d’autres y arrivent dissimulés dans des remorques ou sous des véhicules et autres engins. A chacun ses astuces et son art.
Sur le navire, certains se contentent de faire le mort quelque part dans les nombreuses cachettes qu’offrent des bâtiments immenses. D’autres font la traversée qui dure des jours parmi les marchandises dont ils se servent, qu’ils souillent et qu’ils endommagent parfois entièrement lorsqu’il s’agit de produits frais transportés dans des camions frigorifiques auxquels on obstrue les sorties d’air pour se protéger contre le froid. Les dommages ainsi portés aux cargaisons font de plus en plus râler les donneurs d’ordre et clients étrangers qui commencent à se détourner du Maroc et à le considérer comme un pays à risque; ce qui menace de sinistrer des pans entiers de l’économie nationale notamment le secteur du textile et de l’habillement. Les transporteurs ne sont pas en reste avec les pénalités qu’ils doivent payer et les dégâts causés à leurs véhicules.
La "physionomie" de la migration clandestine au Maroc ne répond plus au schéma classique, observé au début des années 90, qui se caractérisait par la prédominance de tentatives isolées entreprises généralement par des nationaux. Aujourd’hui, le trafic des clandestins est dominé par des réseaux bien organisés, hiérarchisés et structurés autour de filières qui s'imbriquent pour entretenir une criminalité transfrontière difficilement maîtrisable.
Les ressortissants subsahariens représentent aujourd’hui la composante essentielle du phénomène de l’émigration clandestine dominé par des réseaux aux ramifications internationales. L’émigration clandestine des nationaux a connu une certaine stagnation ces dernières années et un recul sensible depuis 2002, en raison notamment des mesures sécuritaires dissuasives prises par les autorités marocaines et des nombreuses actions de sensibilisation menées autour des dangers de la migration clandestine.
Les réseaux de trafic sont structurés en rabatteurs, hébergeurs et transporteurs qui disposent souvent d’ateliers clandestins de fabrication de pateras (barques légères). En règle générale, les clandestins tentent la traversée par « pateras » ou camions de transport international routier, aussi bien par le détroit, que vers les îles canaries. D’autres clandestins marocains tentent d’accéder en Italie, via l’île de Lampedusa.
Le flux des clandestins étrangers constitue un problème épineux et aux dimensions multiples, le Maroc n’étant plus seulement une plateforme de transit, mais aussi un pays de destination.
L’analyse circonstanciée de ce phénomène couplée à un long travail d’intervention et d’investigation sur le terrain a permis aux autorités marocaines de mettre en place une stratégie de lutte globale et intégrée.
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