Si on part du principe de "la taraduf" , "non-synonymie" , c'est à dire on ne peut pas associer deux mots écrits différemment au même sens (c'est la base chez pratiquement tous les coranistes que je connais), on peut dire que chaque verset parle d'une chose différente.
Permets-moi de sérieusement en douter, d'une part parce que cela rendrait le texte quasiment incompréhensible et donc non-pertinent; d'autre part parce qu'il y a dans le Coran des passages entiers traitant du même sujet comme c'est le cas ici au sein de cette Sourate Yassine:
33. Une preuve pour eux est
la terre morte, à laquelle Nous redonnons la vie, et d’où Nous faisons sortir des grains dont ils mangent.
34. Nous
y avons mis des jardins de palmiers et de vignes et y avons fait jaillir des sources,
35. afin qu’ils mangent de
Ses fruits et de ce que leurs mains ont produit(5). Ne seront-ils pas reconnaissants?
36. Louange à Celui qui a créé tous les couples de
ce que la terre fait pousser, d’eux-mêmes, et de ce qu’ils ne savent pas!
37. Et
une preuve pour eux est la nuit. Nous en écorchons le jour et ils sont alors dans les ténèbres.
38. et
le soleil court vers un gîte qui lui est assigné; telle est la détermination du Tout Puissant, de l’Omniscient.
39. Et
la lune, Nous lui avons déterminé des phases jusqu’à ce qu’elle devienne comme la palme vieillie.
40.
Le soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour; et chacun vogue dans une orbite.
Dès le verset
33, Dieu parle de la Terre, la nôtre, qu'il rend fertile. Elle constitue ici l'objet, et sert de référent pour les versets qui suivent. Au
37, intervient la notion de nuit et de jour. Pas ceux en vigueur sur une exoplanète à 51 millions d'années-lumière, non, la nuit et le jour tels que vécus sur Terre.
Le
38 nous informe clairement que le Soleil court et donc se déplace. De même en
39 au sujet des phases de la Lune. Et en
40, c'est sans ambiguïté qu'il conclut en précisant que les deux astres voguent chacun dans une orbite.
Est-ce exagéré ou erroné de penser à la lecture de ces versets que le Soleil et la Lune se déplacent par rapport à la Terre? Non car le parallélisme Soleil/Lune est évident: le Jour terrestre permis par le Soleil qui y court vers un gîte (pour y passer la nuit) et la Nuit terrestre permettant d'observer les différentes phases de la Lune. Nous avons ici un magnifique témoignage de ce à quoi toutes les sociétés de l'époque croyaient: une Terre occupant une position centrale et immobile avec des astres orbitant autour, Soleil et Lune en tête d'affiche. Même les grecs qui des siècles auparavant avaient déjà démontré que la Terre était une sphère et estimé sa circonférence ne purent envisager que c'est bien l'inverse qui se produit.
En outre, ce descriptif est corollaire à celui de la Terre et des Cieux; une terre étendue et aplanie que Dieu compare à un tapis surplombé d'un dôme, que dis-je, d'une voûte céleste, solide et sans piliers afin que nous puissions voir, dans laquelle les étoiles sont fixées et les astres circulent. Une voûte céleste que Dieu maintient fermement alors qu'il pourrait la faire s'écrouler.
Dans le cas du jour et de la nuit, on parle de notre perception humaine qui reste un miracle pour nous.
Perception est le mot approprié. Nos sens nous trompent régulièrement et ce depuis toujours d'où une approche souvent premièrement faussée dans bien des domaines, très souvent sur le plan visuel d'ailleurs. Nos ancêtres n'y firent pas exception; pour eux, la Terre leur paraissait stable et ils voyaient le Soleil et la Lune bouger, comme nous sauf qu'aucune loi physique ni observation plus poussée ne pouvaient alors leur expliquer et leur faire voir à quel point ils se trompaient.
Comme je le rappelais à
@typologie, il existe aujourd'hui –malgré l'énorme avancée de nos connaissances– des centaines de milliers de musulmans (dont des arabophones
@Reeacher) et de Chrétiens littéralistes qui confortent ce qu'ils voient et ressentent par ce qu'ils peuvent en lire dans le Coran et la Bible, et inversement.
Dans le cas du Soleil et la Lune, on parle toujours de miracles sans faire référence à nous et encore moins à la terre.
Point de miracle qui tienne ici mais bien un texte qui définit une Terre, notre Terre, comme référence absolue parce qu'elle est le Centre du Monde et sert d'écrin pour le sommet de la Création: nous.