LE DÉSASTRE ÉCONOMIQUE DES VOITURES PRODUITES EN ALGÉRIE
(source : revue économique Française - Capital - 7 /08/2017)
La stratégie de développement d’une filière de production automobile, priorité nationale de l’Algérie, s’est traduite par une envolée des prix pour les consommateurs et un gouffre économique pour le gouvernement.
Paradoxalement, en Algérie, les prix des voitures flambent à mesure que les chaînes de montage fleurissent dans le pays. Dénonçant des "importations déguisées", les autorités locales veulent remettre à plat tout le secteur, censé initialement être le nouveau fleuron industriel. Symbole de ce malaise, le ministre de l'Industrie Mahdjoub Bedda était le grand absent de la cérémonie d'inauguration de l’usine d'assemblage de Volkswagen, le 27 juillet à Relizane, à 300 km d'Alger. Quelques semaines avant, il avait tiré à boulets rouges sur le secteur.
Mahdjoub Bedda avait promis de "mettre un terme au mode actuel de production" automobile en Algérie et, le 31 juillet, le gouvernement a suspendu tout nouveau projet de montage de véhicules. L'industrie automobile algérienne est née en 2012 quand les autorités ont conclu un partenariat avec Renault, qui a conduit fin 2014 à l'ouverture de la première usine automobile "made in Algeria".
Une priorité nationale depuis l’effondrement de la manne pétrolière
Entre-temps, la chute à partir de la mi-2014 des prix du pétrole, qui fournit 95% des devises de l'Algérie, a propulsé la filière automobile en tête des priorités pour réduire la facture des importations qui siphonnent les réserves de change. Les autorités ont donc contraint les concessionnaires automobiles à se doter d'une unité de production locale. Hyundai a installé son usine d'assemblage de Tiaret, fin 2016
Trois ans après, le bilan dressé par M. Bedda est catastrophique : aucun impact sur les réserves de change ou la création d'emploi, mais au contraire un coût important pour l'Etat en termes d'aides et d'avantages fiscaux. Au premier semestre 2017, si le nombre de véhicules importés a fortement chuté (-78% sur un an), l'importation de pièces à monter sur les chaînes en Algérie a exactement compensé les économies en devises, selon les chiffres officiels.
Les voitures produites sur place coûtent plus cher que celles importées
Ultime paradoxe, "la voiture (produite en Algérie) coûte plus cher que dans les pays de provenance", a tonné le ministre, décidé à "arrêter l'importation déguisée" de la part des constructeurs. Exemple, la Renault Symbol “made in” Algeria coûte environ 200.000 dinars (1.600 euros au cours officiel) de plus que sa jumelle importée, la Dacia Logan.
Suite et fin : https://www.capital.fr/entreprises-...nement-dresse-un-bilan-catastrophique-1239174