Quelle négociation dans l'urgence ? L'armée de libération nationale a été court-circuitée par l'Istiqlal d'abord, et la monarchie après. Les Marocains étaient prêts à se battre. L'Istiqlal a préféré brader l'indépendance du pays pour préserver la caste fassie qui avait le pouvoir traditionnellement. Les Fassis ne voulaient pas voir des petits campagnards, et pour nombre d'entre eux Berbères, s'accaparer la légitimité du pouvoir grâce à une guerre de libération. Ensuite, la monarchie à l'indépendance a continué cette politique en dissolvant l'Armée de libération national pour l'intégrer aux nouvelles Forces armées royales lesquelles sont les héritières de l'armée coloniale au Maroc. Tous les cadres issus des FAR étaient dans l'armée coloniale française. Voilà, la schizophrénie marocaine dans cette histoire. Au Maroc, c'est le parti de la France qui a pris le pouvoir au lendemain de l'indépendance pour respecter le principe que Hassan II, alors prince à l'époque, avait énoncé lui-même avec fierté : "l'indépendance dans l'interdépendance avec la France". L'ALN voulait se débarrasser entièrement de la France, ne rien concéder. Les braves hommes de l'ALN n'ont pas pu accomplir jusqu'au bout le projet qu'il avait pour le Maroc, même s'ils ont eu quelques victoires honorables sur la France.