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Le Vatican poképhile
En réaction aux rumeurs paranoïaques entourant la marque, le Vatican a tranché. En l'an 2000, le Saint-Siège a choisi de donner sa bénédiction à Pokémon. Via sa chaîne TV Sat 2000, il a reconnu « les liens amicaux intenses » que Pokémon véhicule tout en nourrissant l'imaginaire des enfants. Pour l'Église catholique, Pokémon est ainsi dénué « d'aspect moral néfaste ».
Mais que peut-on vraiment reprocher aux créatures imaginées par la société Nintendo ? Pourquoi certains parviennent-ils à faire des pokémons, ces petits monstres souvent adorables et si populaires chez les jeunes et les moins jeunes – Pokémon, phénomène de pop-culture, séduit en effet nombre d'adultes –, des suppôts de Satan ?
Une hérésie pour les créationnistes
Certains fondamentalistes chrétiens, mais aussi musulmans, justifient leur poképhobie par leurs convictions créationnistes, affirmant que, conformément au récit de la Genèse, le monde et la vie ont été créés tels quels par Dieu. Les courants créationnistes les plus radicaux excluent par conséquent toute théorie de l'évolution du vivant. C'est précisément la raison pour laquelle les pokémons pèchent.
Résumons l'univers Pokémon : dans un monde fictif, de jeunes garçons et filles consacrent leur existence à capturer des pokémons, pour ensuite les faire combattre dans le but de devenir des dresseurs accomplis. En combattant, les pokémons gagnent de l'expérience, ce qui leur permet d'évoluer vers des formes supérieures. Ainsi le pokémon Salamèche, petit lézard attendrissant, peut-il, à force de combats victorieux, évoluer jusqu'à devenir Dracofeu, un redoutable dragon cracheur de flammes. Une caractéristique qui sonne comme une hérésie aux oreilles des fondamentalistes allergiques à Darwin et à l'évolutionnisme.
Symboles païens et démons
Le rejet fondamentaliste de Pokémon masque aussi une aversion à l'influence des cultures et spiritualités étrangères. D'aucuns, à l'instar du pasteur évangélique Brett Petterson, arguent que la série, comme d'autres produits culturels venus du Japon et d'Extrême-Orient, est contaminée par les mystiques shinto, hindouiste et bouddhiste, souvent taxées de paganisme.
Le site chrétien Demon-Buster, consacré à la chasse aux démons, explique dans une longue publication anonyme : « Pokémon est enraciné dans la culture japonaise et la croyance religieuse qui sont une forme de culte de la nature. Les joueurs sont encouragés à chanter les noms de leurs monstres de poche. Des concepts de l'évolution et de la réincarnation se trouvent dans Pokémon. »
Bien que de nombreux éléments du christianisme, comme la date de Noël ou de Pâques, soient d'origine païenne, certains groupes chrétiens continuent de diaboliser des symboles du paganisme. Nombre de démons chrétiens sont en réalité des anciens dieux gréco-romains diabolisés par les institutions chrétiennes au cours de l'histoire. La chasse aux pokémons s'apparente à une émanation de cette lutte contre les vestiges des anciennes religions.
Messages occultes
En outre, moult arguments sont donnés pour rapprocher les pokémons des démons : le fait qu'ils puissent être capturés et invoqués pour accomplir des tâches, les pouvoirs psychiques ou paranormaux dont certains d'entre eux disposent, l'utilisation de pierres magiques pour les contrôler, etc.
Cela étant, un petit tour sur certains sites et forums dédiés à la Wicca, à la sorcellerie et au néo-paganisme révèlent que des sorcières modernes utilisent des cartes Pokémon en guise de tarot divinatoire.
Le grand mufti d'Arabie saoudite avait banni les pokémons du pays en raison de la ressemblance du jeu de cartes à échanger à l'effigie de petits monstres avec les jeux d'argent, interdits en islam. Le Qatar et l'Égypte lui avaient emboîté le pas. Le religieux avait aussi déclaré que la franchise Pokémon encourageait le sionisme. D'ailleurs, des musulmans encore plus radicaux ont fait courir le bruit que Pokémon serait la traduction occulte de la phrase : « Je suis juif ».