Dysmas
Finis gloriæ mundi
Le problème n’est pas déplacé comme vous dites, il est résolu en distinguant les niveaux d’agentivité et c'est cette aspect là que vous semblez mal saisir.
Dans mon analogie, vous êtes le Joueur et votre volonté est la manette.
L’origine de l’action "sauter" est le Programmeur (Dieu), codée et servie par le serveur.
L’origine de la décision de sauter maintenant est le Joueur qui appuie sur le bouton.
"Être à l’origine de la volonté d’acquérir" c’est simplement être le Joueur qui décide d’appuyer. Votre responsabilité est parfaitement établie sans que vous ayez besoin d’écrire une seule ligne du code du jeu.
Trois petites remarques avant de commencer :
1 : si l'origine de la décision de sauter est le joueur lui-même, alors ce qui représente la volonté est le joueur, non la manette.
2 : Dieu n'est pas obligé de connaître d'avance toutes les actions que vous pouvez faire. En effet, si Dieu est omniscient, il est aussi omnipotent, ce qui signifie qu'il est en mesure de limiter sa propre omniscience.
3 : en disant ceci : "Être à l’origine de la volonté d’acquérir" c’est simplement être le Joueur qui décide d’appuyer », vous soutenez bien que l'homme possède une volonté propre.
Pourtant, vous avez précédemment dit ceci : « Il en va de même pour la volonté. Dieu crée l'acte de vouloir en toi, au moment où tu choisis.'
Et vous avez aussi dit ceci : « Il affirme que l'acte même de "vouloir" est un phénomène qui, comme tout le reste dans l'univers, ne peut exister sans être créé par Dieu. Dieu crée ta volonté »
Or, lorsque vous dites que Dieu crée l'acte de vouloir en vous au moment où vous choisissez, vous formulez un illogisme. En réalité, dans cette optique, vous ne pouvez pas choisir, parce que le choix présuppose que vous ayez déjà au préalable la volonté de faire un choix. La volonté précède le choix et l'action. Ainsi, dire que Dieu crée l'acte de vouloir en vous, revient à dire qu'il est directement à l'origine de votre volonté. Or, votre essence ne peut pas être à la foi humaine et divine. Les essences ne se mélangent jamais, si bien que ce qui provient de l'une ne peut pas provenir de l'autre. Si Dieu est à l'origine de votre volonté, cela veut donc dire qu'il s'agit en réalité de la sienne et que vous n'en avez pas. Il y a là intervention directe de Dieu dans l'essence de l'homme, donc effacement de cette dernière au profit de Dieu.
C'est ce que sous-entend la Sourate 81, verset 29, qui est clairement prédéterministe : Mais vous ne pouvez vouloir, que si Dieu veut, [Lui], le Seigneur de l'Univers.
Cela m'amène donc à votre présente analogie et au point que j'ai déjà abordé précédemment : Si l'administrateur a créé non seulement l'ensemble du jeu, mais aussi la volonté du joueur lui-même, comment celui-ci peut-il avoir la faculté de décider d'appuyer sur la manette ?
Vous commettez une erreur fondamentale sur la nature de la contingence. L’existence d’un personnage dans un jeu en ligne ne suppose pas de se retirer du serveur. Au contraire.
Votre personnage n’existe que parce que le serveur de l’Administrateur est allumé et exécute le code en temps réel. Si l'Administrateur coupe le serveur ou l'éteint, votre personnage et son monde cessent instantanément d’exister. Votre existence ne suppose pas le retrait de Dieu elle exige Sa présence et Son soutien continus.
Il faut ici faire la distinction entre essence et existence. Ce qui fait de nous des êtres contingents, c'est notre existence, parce que nous ne la tirons pas de nous-mêmes. Chez nous catholiques, on dit que Dieu est le seul être dont l'essence est l'existence. Il est l'existence, et nous la tirons de lui à chaque instant. Mais il n'en est pas de même pour l'essence. Elle a été créée par Dieu une bonne fois pour toute, qu'elle existe ou qu'elle n'existe pas encore. Sa réalité ne présuppose pas son existence. Et c'est en cela que je dis que je suis séparé ontologiquement de Dieu : mon essence est distincte de celle de Dieu, et cela est nécessaire pour que mon essence s'incarne dans l'existence, à travers ma personne. Mon existence, aurais-je pu écrire, suppose le retrait de Dieu de mon essence.