Postulat absurde, pour une raison simple : vous faites parfaitement l'impasse sur tout lien de causalité, ce qui est étrange pour quelqu'un qui se place sur le terrain de la raison. Si vous mangez un fruit, ce sont vos sens qui vous donnent la sensation de sucré, c'est votre corps qui crée votre capacité à goûter. Pas Dieu directement. C'est comme si vous me disiez que les tremblements de terre sont créés par Dieu, et non le résultat de la tectonique des plaques. Je suis sincèrement étonné de trouver chez vous des arguments aussi faibles.
Vous refaites exactement la même confusion. Pour que vous cessiez de vous égarer, oublions la théologie abstraite un petit moment et utilisons une analogie simple à comprendre : le jeu en ligne.
Disons que Dieu est l'Administrateur/Programmeur et fait tourner le serveur du jeu. Il a écrit tout le code (le monde, les lois de la physique, votre personnage, et surtout toutes les actions que votre personnage peut faire).
Vous êtes le Joueur. Vous tenez la manette. L'action "sauter" est dans le code du jeu, exécutée par le serveur. Vous ne créez pas l'action de sauter vous la sélectionnez en appuyant sur un bouton.
L'action est créée par le Programmeur (Dieu). La décision d'appuyer est votre choix.
C’est vous qui êtes responsable si votre personnage saute dans le vide ou sur la plateforme.
L'Administrateur est responsable du serveur, vous êtes responsable de votre partie. Voilà ce qu’il vous reste : la responsabilité de vos choix.
Il n’y a pas de déplacement du problème, juste une distinction claire des rôles.
Il ne peut y avoir d'attribution de l'acte que si, au préalable, votre volonté découle de vous-même et non de Dieu. Vous dites que l'acte de vouloir procède de Dieu et qu'il est vôtre en tant qu'agent qui l'acquiert. Mais pour l'acquérir, encore faut-il être soi-même à l'origine de la volonté de l'acquérir. Vous ne faites en réalité que déplacer le problème de l'origine de la volonté humaine.
Le problème n’est pas déplacé comme vous dites, il est résolu en distinguant les niveaux d’agentivité et c'est cette aspect là que vous semblez mal saisir.
Dans mon analogie, vous êtes le Joueur et votre volonté est la manette.
L’origine de l’action "sauter" est le Programmeur (Dieu), codée et servie par le serveur.
L’origine de la décision de sauter maintenant est le Joueur qui appuie sur le bouton.
"Être à l’origine de la volonté d’acquérir" c’est simplement être le Joueur qui décide d’appuyer. Votre responsabilité est parfaitement établie sans que vous ayez besoin d’écrire une seule ligne du code du jeu.
Je crois en effet qu'il est bien plus logique de considérer l'homme comme doué d'autonomie. Si j'existe, c'est bien parce que je me suis séparé de Dieu, ontologiquement et dans mes attributs. Mon existence suppose le retrait de Dieu, autrement il n'y aurait que Dieu.
Vous commettez une erreur fondamentale sur la nature de la contingence. L’existence d’un personnage dans un jeu en ligne ne suppose pas de se retirer du serveur. Au contraire.
Votre personnage n’existe que parce que le serveur de l’Administrateur est allumé et exécute le code en temps réel. Si l'Administrateur coupe le serveur ou l'éteint, votre personnage et son monde cessent instantanément d’exister. Votre existence ne suppose pas le retrait de Dieu elle exige Sa présence et Son soutien continus.
Mais mon autonomie ne signifie nullement que je suis un petit Dieu, car mon essence reste contingente, donc limitée. Je ne me suffis pas à moi-même, je ne suis pas ma propre cause.
Désolé mais être "limité" ne vous sauve pas de la contradiction. Le problème n’est pas la quantité de pouvoir mais sa nature.
Si je replace ce que vous dites dans le cadre de mon analogie, vous affirmez que votre personnage peut créer une action que le Programmeur n’a pas codée, par exemple voler. Même s’il ne peut le faire qu’une seule fois et à basse altitude (donc limité) il a exercé un pouvoir de nature créatrice qui l’équivalent d’écrire du code (prérogative du programmateur). La question n’est pas de savoir si vous êtes un grand ou un petit Dieu. la question est que vous vous attribuez une fonction de créateur alors que vous êtes une créature. C’est l'essence même du polythéisme.