Harat al-Maghariba : Quand les Marocains ont vécu à Al Qods après avoir repoussé l’armée des croisades
Il y a plus de 8 siècles, des Marocains avaient vécu dans un quartier à Al Qods, cité qu’ils contribuèrent à reprendre aux Croisés à la fin d’un siège mené en 1187 par Saladin (1169 – 1260), premier dirigeant de la dynastie ayyoubide. Harat al-Maghariba fut ainsi connue comme le quartier marocain de la ville sainte, traduisant la forte amitié maroco-palestinienne. Yabiladi se penche sur cet aspect peu connu de l’histoire commune aux deux peuples.
Par Latifa Babas (Traduction Ghita Zine)
Publié le 09/12/2017 à 08h00

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Plus de 8 siècles avant les vissicitudes contemporaines sur le statut de la ville, Al Qods fut une ville où les Marocains vécurent et qu’ils défendirent par les armes. Ils élièrent domicile Harat al Maghariba, dit «le quartier marocain», un endroit mythique vieux de 770 ans au cœur de la ville sainte.
Les récits historiques affirment que les Marocains s’établirent dans cette cité à partir du 10e siècle. C’était le temps de la Guerre des croisades (1095 – 1291), suite à laquelle les arabes s’emparèrent de Jérusalem en combattant aux côtés de Salah ad-Din ibn Ayyubi. A la fin de la bataille de 1187 et une fois la situation revenue au calme, nombre de Marocains choisirent de rester dans une ville qui les accueillait depuis quelques années déjà. D’après le Moroccan Quarter : A History of the Present (Le quartier marocain : une histoire du présent, n°7. 2000), écrit par Thomas Abowd et publié par l’Institute for Palestine Studies, «les historiens de Jérusalem estiment que le quartier marocain remonte à l’époque ayyubide».

Vivre à Al Qods après les croisades
Afdal al-Din Abowd, fils de Salah ad-Din, indiquait la particularité du financement derrière la naissance de ce quartier (waqf) : «La donation à cet effet eut lieu à l’époque où le prince régnait sur Damas (1186 – 1196)». Cette version des faits fut confirmée à travers un autre récit de Rashid Khalidi, dans son ouvrage Palestinian Identity : the Construction of Modern National Consciousness (Identité palestinienne : la construction de la conscience nationale moderne – Columbia University Press, 1997). L’historien américain d’origine palestinienne y indique que le quartier fut créé en 1193.
«Le quartier marocain fut établi en tant que Waqf musulman, ou dot pieuse inaliénable, en 1193 par al-Malik al-Afdal, fils du sultan ayyoubide Saladin, qui avait reprit la ville des croisés.»
Comme le rapporte Thomas Abowd, le sultan ayyoubide avait également permis la construction du quartier Hayya al-Sharif, qui servait de refuge aux nouveaux habitants venus du Maroc. Par conséquent, cette partie de la ville devint la nouvelle demeure des Marocains établis dans la région depuis le 13e siècle, jusqu’aux derniers jours du régime jordanien en 1967.
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