ire dans une société où pauvreté rime avec ignorance. Mais si cétait mon cas, je ne serais pas devenu enseignant.
Malheureusement tu retombes dans les travers que je dénonçais plus haut et qui desservent ton argumentaire. Ainsi ce que tu énonces a tout de l'argument fallacieux.
La vérité n'est pas fluctuante. Dire qu'une part de vérité plus importante se trouve dans le discours de celui doté d'une expérience plus importante que son interlocuteur est une erreur. Il se trouve des personnes avec des connaissances bien plus approfondies et une expérience bien plus conséquente que la tienne, qui affirmeront le contraire de ce que tu dis.
Avec la logique que tu mets en avant il faudrait reconnaitre qu'une plus grande part de vérité émane d'eux. Or cette même part de vérité était part d'erreur lorsqu'elle provenait des écrits d'autres personnes moins expérimentées. Il y a donc là une incohérence totale qui rend la vérité complètement relative si l'on s'en tient à ce raisonnement.
De tous temps se sont trouvées des personnes, aux forts degrés de connaissances dans leur domaine, qui affirmaient des choses fausses. Il ne suffit pas d'avoir une connaissance pour trouver la rectitude.
Encore faut-il que ces connaissances ne soient pas erronées, qu'elles soient correctement, ainsi que l'expérience mise en avant, interprétées. Ton expérience dans ce domaine n'est donc gage d'aucune part de vérité, d'autant plus lorsqu'il s'agit de domaines profondément subjectifs tels que l'éducation sexuelle, la pédagogie à mettre en oeuvre avec les jeunes et les perceptions qu'il est nécessaire d'entretenir en ce qui concerne les hommes et les femmes.
De même qu'être psychologue n'empêche pas d'avoir des enfants mal-éduqués, être prof n'empêche pas d'avoir du mal à s'y prendre avec les jeunes malgré toutes les formations reçues. La jeunesse évolue sans cesse et je ne suis pas sûre que les formations dispensées soient réellement à jour si l'on prendre en compte la versatilité qui caractérise la jeunesse.
J'ai moi-même, à travers des missions spécifiques, exercé l'année scolaire dernière au sein d'un lycée. J'étais chargé de soutien scolaire auprès de classes entières, de renforcement sur certaines matières, de "conseiller psychologique" et durant tout un trimestre j'ai remplacé un professeur de maths et de physique chimie sans avoir reçu, au préalable, la moindre formation en lien avec ce métier.
J'ai pu me rendre compte, et notamment aux dires des élèves, que j'arrivais mieux à dispenser les savoirs que leurs professeurs habituels et que nous tenions (ma collègue et moi) mieux les classes que beaucoup de professeurs qui étaient complètement dépassés et qui, malgré toutes les formations reçues et l'implication qu'ils pouvaient avoir dans la vie du lycée, ne comprenaient plus rien à la jeunesse actuelle avec laquelle ils étaient en déphasage total.
Je suis d'ailleurs persuadé que je tenais ces classes et que je leur transmettais un savoir de façon plus efficace que tu ne pourrais le faire avec elles. C'est dire si l'expérience et les connaissances ne sont pas gages de "vérité", de réel savoir-faire car malgré toutes tes formations, je pense que tu seras inapte à rentrer dans leur peau comme seuls ceux qui ont vécu cela peuvent le faire (je ne parle pas de la petite enfance)
Pour être encore considéré comme "un jeune" et avoir mes amitiés parmi ces tranches d'âge, je pense, après avoir pris tout le recul qu'il incombe d'avoir, que les pédagogies mises en place pour éduquer les jeunes, qu'ils soient en difficultés ou non, sont totalement obsolètes et démontrent une méconnaissance parfaite des jeunes.
Je pense que les adultes, les soi-disant spécialistes de la jeunesse sont complètement déconnectés des réalités de la jeunesse actuelle. Je m'en rendais notamment compte l'année dernière lorsque je discutais avec des profs zélés (pas dans un sens péjoratif) qui affirmaient que telle ou telle méthodologie porterait ses fruits avec tel ou tel élève et moi de leur répondre que cela me paraissait vain car pour avoir vécu ce qui vit ce jeune, ce raisonnement ne sera pas valide avec lui. Et pourtant malgré leur expérience et leurs acquis, ces professeurs faisaient fausse route et aucune de leurs stratégies mises en place n'a fonctionné.
Les adultes n'arrivent pas, pour la plupart, à penser comme les jeunes. Ils ne peuvent plus les comprendre et se mettre dans leur peau malgré les formations qu'ils élaborent à leur sujet. Tout cela pour dire que l'expérience et les connaissances ne sont pas des barrières inébranlables face à la réalité du terrain (dans le domaine que nous évoquons). Ainsi il est fallacieux que de mettre en avant celles-ci pour déconsidérer les avis de ses contradicteurs (il ne s'agit pas de mécanique automobile ou de médecine comme tu as pu malencontreusement les comparer avec notre sujet).
De même j'ai un ami ayant exercé, à temps partiel, dans l'accompagnement au sein de la petite enfance sans aucune formation préalable et qui s'y prenait parfaitement avec les enfants qu'il "maitrisait" sans le moindre problème (entre midi et deux ce sont des postes que proposent la mairie). Enfin j'ai d'autres connaissances qui exercent en tant que moniteurs-éducateurs au sein d'un centre pour jeunes en difficulté comportementale (qui leur permet d'échapper à la prison). Ces personnes sont rentrées en CDD au sein de l'institution et se sont finalement vues proposer un CDI avec une formation interne à la clé (V.A.E). Or elles s'y prennent bien avec ces jeunes, là ou des collègues ayant poursuivi de longues études dans un domaine en lien avec la jeunesse et qui sont rentrés dans cette institution par concours, après avoir subi une très longue formation, sont complètement dépassés au contact de ces jeunes.
Malheureusement en tant que "patient" puis collègue de certaines personnes chargés d'accompagnement avec les jeunes, je déplore le trop peu de remise en question de leurs acquis qui poussent certains de ces spécialistes à entretenir des méthodes obsolètes. J'ai eu plusieurs fois l'impression d'être totalement incompris, d'être en décalage total avec les pourtant spécialistes chargés de s'occuper de mon cas dans mon passé lorsque j'étais sujet et j'ai été surpris de l'inefficacité de leurs stratégies lorsque j'en ai eu pour "collègues".
Surtout si l'on considère que la jeunesse évolue incessamment. Ce qui était valable pour moi ne l'est plus pour ceux venus après moi et ainsi de suite. Certains mécanismes cognitifs ne peuvent pas se comprendre sans les avoir vécus ou sans vivre au quotidien avec ceux qui les ont.