Les réactions glaçantes que l’on a pu lire cet été ont replacé Internet face à ses démons.
Nous sommes aujourd’hui clairement à un moment charnière de la réflexion, qui ne pourra pas faire l’économie de la question du contrôle de ces contenus flirtant avec les limites de la Loi.
Si pour certains, Internet doit rester un espace libre et ouvert, d’autres voix exigent une réponse ferme et davantage répressive.
Autrement dit, rogner sur les libertés dans l’espoir d’apporter davantage de contrôle.
Aujourd’hui, nous devons prendre la défense résolue de la liberté d’expression sur Internet face aux remises en cause dont elle fait l’objet.
En faisant d’Internet notre bête noire, nous nous trompons de cible.
Ce moyen de communication n’est que le reflet des tensions qui habitent notre société.
Même s’il peut parfois s’en faire une caisse de résonance, il n’en est en rien la cause.
Nous devons cesser de voir Internet avant tout comme une menace, pour réfléchir plutôt à la manière d’en faire une chance pour la cause en faveur de l’égalité et contre les discriminations.
La priorité ne doit pas être de lutter contre le racisme sur Internet, mais par Internet, avec Internet, c’est-à-dire d’utiliser les formidables outils de mobilisation citoyenne dont il est le support pour créer un large mouvement de société capable de lutter contre les préjugés, de contrecarrer les propos de haine, de dénoncer l’instrumentalisation des différences, de déconstruire les interventions pseudo-intellectuelles qui dressent une partie des citoyens contre les autres.
Répondre aux mots par les mots.
Il ne faut d’ailleurs pas assombrir le tableau : dans l’affaire du jeune Ramzi, décédé au Maroc, ils étaient très nombreux les citoyens à s’insurger contre le flot de haine et contrer les messages les plus abjects.
Ils ont été nombreux, celles et ceux qui ont refusés de rester spectateur passif en exprimant leur attachement au vivre-ensemble. Ils ont été nombreux les citoyens à nous avoir signalé les commentaires racistes inacceptables. C’est pour eux et avec eux que nous devons construire l’Internet de demain.