Qui est vraiment Eric Zemmour ?
Fatalement, Eric Zemmour devait, un jour ou l'autre, être pris dans la tornade médiatique. Enfiévré, passionné, tranchant, cassant, violent parfois, pourfendant le « politiquement correct » à coups de sentences sur cette France qui tombe, qui déchoit et le déçoit, le polémiste est devenu l'objet de LA polémique du moment pour cette phrase :
« Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait. » Un dérapage crypto-lepéniste ? Il le nie. Mais présente ses excuses à la Licra :
« Ma volonté n'a jamais été de stigmatiser les Noirs ou les Arabes comme des délinquants, mais si cette phrase, sortie de tout contexte, a pu heurter, je le regrette. »
Etienne Mougeotte, au
Figaro , son principal employeur, prend d'abord la mouche : Zemmour est convoqué pour un entretien préalable à un licenciement, puis, le lendemain, première reculade :
« Zemmour est juste convoqué, mais pas licencié » , fait savoir le patron du
Figaro . Ensuite, Mougeotte demande, par mail, à Zemmour une copie de la lettre d'excuses à la Licra. Et enfin juge qu'il n'y a plus lieu de convoquer la plume du
Figaro Magazine ... A aucun moment de la semaine les deux hommes ne se sont parlé. Etrange, non ?
« Ce qui a convaincu Mougeotte, c'est le nombre de lettres et de mails des lecteurs du Figaro
qui menaçaient de se désabonner si j'étais viré » , clame Zemmour, conscient d'avoir créé une « marque » indispensable à un journal conservateur. Une marque qui a aussi besoin de sa part de scandale pour exister...
Qui est-il vraiment ? Un opportuniste de la pensée qui a trouvé une niche pour exister médiatiquement ? Un baladin turbulent du cirque audiovisuel qui fait commerce de sa virulence, du plateau d'iTélé au micro de RTL et du
Fig Mag à France 2 ? Ou bien est-il le justicier de ceux qui pensent tout bas ce qu'il peut, lui, clamer haut et fort ? En tout cas, ce pamphlétaire de la bande à Ruquier a de quoi voir venir les mauvais jours : ses prestations au côté d'Eric Naulleau lui rapportent environ 2 000 euros par émission. Ce qu'il gagne chez Ruquier excède de loin son salaire au
Figaro.« Je ne veux pas en parler, parce que les gens ne comprendraient pas », répond-il quand nous l'interrogeons.
« Moïse ». Même politiquement, son public pourrait être surpris par le « vrai » Eric Zemmour, bien plus complexe que celui des tréteaux télévisés.
« Je me croyais de gauche. J'ai voté pour Mitterrand en 1981 et en 1988, glisse-t-il.
Et puis, j'ai rompu avec la gauche depuis l'histoire du voile islamique au collège de Creil. » En septembre 1989, deux puis quatre collégiennes refusent de retirer leur voile au grand dam du principal, Ernest Chénière. Une partie de la gauche revendique un
« droit à la différence » . Zemmour est pris d'urticaire : tout son être, son histoire, celle de sa famille s'inscrivent à l'opposé de ce
« droit à la différence » . Zemmour défend bec et ongles l'assimilation totale des immigrés par abandon de leur culture d'origine. Cet effort que sa famille s'est infligé, il le donne en exemple à tous ceux qui revendiquent le passeport tricolore. Comme s'il disait aux « jeunes des banlieues » : vous voulez être français comme moi, alors, essuyez-vous les pieds en entrant... C'est ainsi qu'il demande aux descendants d'immigrés d'abandonner leur prénom ou de le réserver à la sphère privée ou confessionnelle :
« C'est comme moi, je m'appelle Eric, Justin, Léon. Mais, à la synagogue, je m'appelle Moïse. »
Source et suite
Fatalement, Eric Zemmour devait, un jour ou l'autre, être pris dans la tornade médiatique. Enfiévré, passionné, tranchant, cassant, violent parfois...
www.lepoint.fr