Démolitions de villages dans la vallée du Jourdain : une interview de Luisa Morgantini
Une interview avec Luisa Morgantini, ancienne vice-présidente du Parlement européen, à son retour d’une visite de la Vallée du Jourdain et de la Cisjordanie où elle a mené une délégation italienne « Associazione per la Pace ».
Privés d’eau et d’électricité, entourés par des colonies et emprisonnés dans une vaste zone militaire fermée sous occupation depuis 1967, les résidents de la Vallée du Jourdain résistent. Frappés par la démolition de leurs maisons et la confiscation de leurs terres, ils représentent l’une des communautés les plus vulnérables de l’ensemble de la Cisjordanie en zone C (zone sous contrôle total, militaire et administratif, israélien).
Aujourd’hui, la population palestinienne est d’environ 56 000, alors qu’avant 1967, la Vallée comptait plus de 300 000 Palestiniens ; une forte baisse provoquée par un long processus d’expulsions qui ont eu lieu loin des regards du public et reçu pratiquement aucune attention des médias.
Une délégation de la Assopace organisation, dirigée par Luisa Morgantini, ancienne vice-présidente du PE, a visité la Vallée du Jourdain et rencontré les communautés locales.
Interview réalisée par Barbara Antonelli.
Mme Morgantini, vous avez visité la Vallée du Jourdain deux fois en une semaine, quelques jours après que l’armée israélienne ait démolit une fois de plus les structures et les tentes des communautés bédouines dans le Nord. Qu’avez-vous vu ?
Si la zone C, qui représente 60% de la Cisjordanie occupée, est un synonyme d’expulsion et de l’annexion de la colonisation israélienne, dans la vallée du Jourdain tout cela est grandement intensifié. Un déplacement silencieux est mené par Israël, à travers les démolitions, la confiscation des terres, les expulsions, et le non accès aux ressources en eau : ces politiques ont favorisé la création de plus de 30 colonies illégales. Même avant les Accords d’Oslo, Israël avait déjà pour but de créer une zone-tampon entre la Cisjordanie et la Jordanie dans la logique du Plan Allon, ceci par l’annexion de 2400 km² de terres fertiles s’étendant de la Ligne verte de la Mer Morte. Une zone aujourd’hui vidée de ses habitants sera plus facilement annexé demain.
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