Si le discours est théologique, ç'aurait dû être au Grand Rabbinat de s'exprimer. Au contraire, c'est le vice-ministre des affaires étrangères israéliennes qui a durement répliqué: "Nous demandons au Vatican de prendre ses distances de commentaires qui diffament les juifs et l'état d'Israël". Ne pas le faire "jetterait une ombre sur les importantes relations entre le Saint-Siège, Israël et les juifs". Dans tous les cas, le Synode serait "l'otage d'une majorité anti-israélienne".
En réalité, le discours est politique. La sortie israélienne a pour but d'occuper les titres des medias, et au Vatican - c'est évident dans l'éditorial de l'Avvenire - on est convaincu que le gouvernemnt d'Israël suscite un tollé pour justifier "l'expansion continuelle des installations"
De fait, c'est la position équilibrée du saint-Siège qui effraie le gouvernement israélien. Parce que le Synode a très clairement repoussé la prétention de la part du fondamentalisme islamique de modeler les sociétés du Moyen-Orient, et revendiqué la liberté de religion et de conscience dans les états arabes, ainsi que le principe laïc d'égalité des citoyens. Et il a été tout aussi clair pour répudier toute forme "d'antisémitisme et d'anti-judaïsme, distinguant la religion et la politique". Dans ce cadre, sans ambiguïté, le Vatican et les évêques catholiques du Moyen-Orient demandent à l'ONU de faire respecter les résolutions qui imposent à Israël le retrait de Cisjordanie et de Jérusalem. C'est de cela qu'il s'agit. Pendant des décennies, des représentants de gouvernements de droite ont évoqué les noms bibliques de "Judée et Samarie" pour définir les terres palestiniennes où les colons israéliens construisent illégalement des "installations".
Aujourd'hui encore, les leadesr des "colonnies" (et certains mouvements fondamentalistes évangéliques) ont la bouche pleine du terme "Eretz Israel", Terre d'Israël (et non Etat!), mêlé au rappel des "règnes de Judée et de Samarie". L'an dernier, lors d'une conférence à l'Université Bar-Illan, le premier ministre Netanyahu lui-même a évoqué l'image biblique de "Judée et Samarie, les lieux où vécurent Abraham, Asaac, Jacob, David, Salomon, Isaïe et Jérémie, lieux - a-t-il souligné - qui ne nous sont pas étrangers".
C'est une argumentation rhétorique qui ne convainc l'opinion publique mondiale, laquelle - comme le Vatican - réclame le retrait des territoires occupés, et s'allarme des tentatives de la part du gouvernement israélien de gagner du temps, parce que Obama s'affaiblit: espérant que se réalise l'idée d'annexion de beaucoup de terres palestiniennes où se sont installés des colons.
Sur les questions politiques, toutefois (c'est arrivé durant la guerre au Liban, et l'attaque à Gaza), intimider le Vatican ne paie pas.
A la table des négociations, ce qui est en jeu, aujourd'hui, ce n'est pas l'existence d'Israël, mais la politique des annexions.