Ebola: L'épidémie a fait 1.229 morts, selon un nouveau bilan de l'OMS (afp)
IATA demande aux compagnies aériennes de maintenir leurs dessertes des pays touchés par Ebola
Alors que Kenya Airways a rejoint le rang des compagnies aériennes ayant suspendu leurs dessertes vers les pays touchés par Ebola, IATAaibles. assure que les risques de transmission de la maladie pendant un vol sont faibles
L'association demande ainsi aux transporteurs de maintenir leurs liaisons vers le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et le Nigeria. De son côté, l'OMS préconise que ces pays soumettent les voyageurs à des examens de détection de la maladie.
alors pourquoi cette mise en garde d'urgence aux médecins frnçais
Paris, France -- Le 11 août, le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé a publié sur son site
www.sante.gouv.fr les informations utiles à la prise en charge de la maladie à virus Ebola en France [1].
Si le Ministère souligne que le risque de survenue, en France, d’un cas importé de maladie à virus Ebola « est jugé faible », il souligne qu’il « ne peut être totalement exclu. »
Symptomatologie, mode de transmission, mesures de précaution, et modalités de prise en charge des cas suspects, asymptomatiques et symptomatiques sont donc détaillés dans ce document destiné aux professionnels de santé.
Le Ministère rappelle, toutefois, que « l’existence d’une épidémie dans une zone géographique identifiée ne doit pas faire oublier que d’autres pathologies infectieuses fébriles peuvent se déclarer au retour avec une probabilité supérieure à celle de la maladie à virus Ebola. »
Parmi les diagnostics alternatifs, on peut évoquer et documenter en priorité un paludisme (TDR/FGE), une infection bactérienne (hémoculture pour méningocoque, salmonellose; rickettsiose...) ou virale (arbovirose, hépatites...) [2].
Les différents tableaux cliniques
Concernant la durée d’incubation de la maladie à virus Ebola, elle varie entre 2 et 21 jours, avec une moyenne de 8 jours.
Dans la forme habituelle, la maladie débute brutalement par un syndrome pseudo-grippal (fièvre, myalgies, arthralgies, céphalées) et une profonde asthénie psychomotrice. En 3-4 jours, apparaissent d’autres signes cliniques cutanéo-muqueux (conjonctivite, exanthème maculeux ou maculo-papuleux, dysphagie) et digestifs (diarrhée, vomissements).
L’évolution initiale peut être continue avec une altération progressive de l’état général (asthénie croissante, fièvre persistante, perte de poids) ou biphasique avec un intervalle libre de quelques jours au cours duquel l’état général s’améliore et la fièvre disparaît.
La phase terminale est marquée par des signes neurologiques d’encéphalite (de l’obnubilation au coma, agitation, épilepsie) et des signes hémorragiques (principalement saignements aux points de ponction, gingivorragies, hématémèse, mélaena, selles sanglantes ; plus rarement épistaxis, hémoptysie, hémorragie génitale ou hématome).
Hoquet, paresthésies, acouphènes, trismus, hépatomégalie, splénomégalie, pancréatite, uvéite, parotidite, orchite, et douleur thoracique sont peuvent aussi être observés.
Dans les formes hémorragiques, le décès survient dans 80 % des cas en moyenne 8 jours après l’apparition de la fièvre. Sinon la guérison est sans séquelle mais la convalescence est longue avec une asthénie prolongée pendant plusieurs semaines et des arthralgies fluctuantes et migratrices.
Le mode de transmission
Le Ministère rappelle que le virus Ebola se transmet d’homme à homme par contact direct avec le sang ou les fluides biologiques (larmes, salive, lait maternel, sperme, sueur, selles et vomissements des personnes infectées) et par exposition directe à des objets qui ont été contaminés par les sécrétions de patients.
La transmission peut aussi se produire par contact avec des animaux morts ou vivants des zones forestières affectées et au contact du corps d’une personne infectée lors de la cérémonie funéraire.
La transmission par voie aérienne n’a jamais été documentée lors d’une épidémie chez l’homme, mais ce risque ne peut être exclu lors des manœuvres de soins de patients générant des aérosols.
Le diagnostic biologique
La confirmation du diagnostic repose sur des analyses biologiques (ELISA IgM et IgG PCR) réalisées par le Centre national de référence (CNR). Les prélèvements visant à la confirmation du diagnostic doivent être adressés au CNR, avec son accord, dans des conditions de transport sécurisées de niveau P4.
Voir : CNR des fièvres hémorragiques virales
Eviter le risque nosocomial
« Concernant la France, le scénario envisageable, à ce stade, est celui d’un cas importé avec un risque nosocomial majeur en établissement de santé », souligne le Ministère.
Pour éviter ce risque, il est recommandé de détecter précocement les cas suspects et de les déclarer auprès du Centre 15, d’appliquer des précautions maximales pour les professionnels de santé lors de la prise en charge du cas (précautions de type « air » et « contact » avec des mesures barrières renforcées), et d’afficher des informations à l’accueil des centres de soins pour que les cas suspects qui se rendent de leur propre fait à l’hôpital se déclarent dès leur arrivée.
Le communiqué stipule également qu’aucun rapatriement sanitaire ne peut se faire directement entre la société de rapatriement et un établissement de santé (circulaire n°DGS/DUS/CORRUSS/2012/188 du 9 mai 2012).
Prise en charge des personnes asymptomatiques
Selon le dernier avis du HCSP, les personnes asymptomatiques de retour de la zone à risque doivent surveiller quotidiennement leur température. Toute fièvre supérieure à 38,5°C doit être considérée comme cas suspect et amener à se signaler au Centre 15. Aucune mesure d’éviction n’est requise.
Si la personne est considérée comme ayant eu un risque de transmission particulièrement élevé, la surveillance doit être accompagnée d’une prise de contact avec le médecin infectiologue de l’établissement de santé de référence.
Liste des établissements de santé de référence disposant des capacités opérationnelles pour accueillir un malade atteint par le virus Ebola (mise à jour au 08/08/2014) .
Prise en charge des patients symptomatiques
Les cas suspects doivent être signalés au Centre 15 et, confirmés ou non, le plus tôt possible par un contact entre le Centre 15, l’InVS et l’ARS selon la définition de cas (qui est susceptible d’évoluer, notamment dans les zones géographiques concernées).
Pour les cas suspects, la prise en charge doit s’effectuer dans un établissement de santé doté d’un laboratoire de type L3 (ex P3).
Pour les cas possibles, la prise en charge doit s’effectuer dans l’établissement de santé de référence de la zone de défense (service de maladie infectieuse et tropicale).
Toute hospitalisation d’un cas suspect ou possible doit conduire à la mobilisation de l’équipe opérationnelle d’hygiène de l’établissement.
Dans sa fiche sur la prise d’un éventuel cas suspect de fièvre à virus Ebola, le groupe SPILF-COREB recommande de rechercher facteurs et signes de gravité [2] :
- signes de gravité spécifiques de FVE (manifestations hémorragiques, signes neuro-psychiques, hoquet rebelle) ;
- sepsis grave/choc septique/défaillance(s) viscérale(s) ;
- prise en compte des comorbidités éventuelle.
Conduite à tenir dans les situations hors du cadre prévu
Si un cas suspect se déclare en dehors du schéma de régulation, il faut obtenir le plus rapidement possible une régulation médicale via le Centre 15.
En attendant, il est recommandé de faire mettre un masque chirurgical au cas suspect, de l’isoler, et de ne faire aucun acte (y compris glycémie capillaire, prélèvement de gorge, etc.), d’éviter tout contact avec les liquides biologiques, de frictionner les mains avec des solutions hydro-alcooliques.
La personne qui s’en occupe doit, a minima, porter des gants, un masque chirurgical, et se frictionner les mains avec des solutions hydro-alcooliques.
Concernant l’entourage du cas suspect, il est nécessaire de relever les coordonnées des personnes ayant eu un contact étroit avec le sang ou tout autre fluide biologique.
Le Ministère rappelle qu’il n’existe aucun traitement curatif spécifique validé. D es traitements et des vaccins sont en cours d’évaluation.
Pour sa part, le groupe SPILF-COREB indique que le traitement est uniquement symptomatique. Il contre-indique les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les anticoagulants et préconise de discuter avec infectiologue référent d’un antibiothérapie probabiliste, voire d’un traitement anti-palustre [2].
mam