Les dessous des nominations
L’accouchement aura été difficile, mais le gouvernement Benkirane est né. De qui, et de quoi est-il fait? Et quels sont les enjeux majeurs ayant présidé au choix des 31 ministres qui composent le nouveau cabinet? Lecture.
Le cabinet Benkirane sort du conditionnel et des spéculations, c’est désormais une réalité. Spécificité marocaine oblige, l’équipe du premier gouvernement dirigé par un islamiste dit modéré est un équilibre fragile entre les acteurs de la scène politique : palais et partis. C’est une règle immuable au royaume que d’ailleurs la nouvelle Constitution a pleinement confirmée. Le PJD, comme l’USFP en 1998, commence à apprendre à ses dépens, les contraintes et les exigences de ce système. Son ambition de constituer un gouvernement ramassé n’est plus d’actualité. Depuis le 29 novembre, date de sa nomination par le roi à Midelt pour la formation d’un gouvernement, Abdelilah Benkirane n’a cessé de revoir ses estimations à la hausse. De quinze départements, lors de la campagne électorale des Législatives anticipées, il est passé à 20 puis 25 pour enfin tomber sur le bon chiffre : 31 ministres dont cinq technocrates y compris le ministère de l’Agriculture et la Pêche. En plus de cette ambition mise sous le boisseau, le chef du gouvernement a dû céder aux contraintes de ses alliés sur les secrétariats d’Etat, désormais bannis de son équipe. Une concession au PPS, MP et PI afin de permettre à l’ensemble de l’exécutif de participer aux réunions des conseils des ministres présidés par le monarque.
L’Intérieur et les Affaires étrangères partisans?
Comme ses prédécesseurs, le gouvernement Benkirane compte deux ministres à l’Intérieur et le même nombre aux Affaires étrangères. M’haned Laenser, secrétaire général du MP, succède à Taib Cherkaoui mais il est flanqué de Charki Driss, le directeur général de la sûreté. Un homme qui connaît très bien les rouages de la maison. Aux Affaires étrangères, il a été fait usage du même procédé. Saâd-Eddine El Othamni se voit seconder par Youssef Amrani, un technocrate qui a renoué avec l’Istiqlal, son parti alors sur les bancs de l’université, pour les exigences du maroquin. Ce mode d’opération n’est pas sans remettre en cause l’idée défendue par le chef du gouvernement, selon laquelle ces deux départements sont confiés à des cadres partisans.
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