SOULÈVEMENT - L'armée a démenti avoir tiré à balles réelles sur les manifestants...
Deux morts supplémentaires. Deux hommes ont été tués par balles et au moins 18 blessées au Caire, où des incidents ont éclaté dans la nuit sur la place Tahrir, après l'intervention de l'armée égyptienne pour disperser des manifestants, a-t-on appris ce samedi de source médicale. L'armée a démenti avoir tiré à balles réelles sur les centaines de manifestants qui refusaient de partir et affirme que son intervention n'a entraîné aucune mort d'homme.
Mais dans un hôpital du Caire, on précise qu'une quinzaine de personnes ont été admises pour des blessures par balles, dont deux qui ont succombé à leurs blessures.Des centaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées vendredi sur la place-symbole de la révolution égyptienne pour réclamer des poursuites judiciaires contre Hosni Moubarak et reprocher aux autorités militaires, qui ont pris les rênes du pays, leur lenteur dans la lutte contre la corruption.
Dans la soirée, les forces de sécurité égyptiennes ont encerclé la place, ont tiré en l'air, ont fait usage de pistolets paralysants et de matraques et ont procédé à des arrestations pour disperser les derniers manifestants, selon un témoin interrogé au téléphone par Reuters. Mais plusieurs centaines de militants sont restés sur les lieux, défiant les forces de l'ordre. Un bus et un camion de l'armée ont été incendiés et des pierres ont été lancées par les manifestants.
«Nous sommes toujours là»
En début de matinée, samedi, aucun signe de présence de l'armée n'était plus visible autour de la place. «Grâce à Dieu, nous leur avons tenu tête et nous sommes toujours là», a dit un manifestant. La place Tahrir a été l'épicentre de la contestation qui a abouti le 11 février au départ du président Hosni Moubarak après dix-huit jours de mobilisation. L'armée bénéficie d'un large soutien au sein de la population depuis qu'elle a pris directement les commandes du pays en promettant de remettre le pouvoir à un gouvernement civil issu d'élections.
Mais elle est aussi de plus en plus contestée et il lui est surtout reproché une lenteur dans la mise en oeuvre des procédures judiciaires contre Hosni Moubarak. L'ancien président, âgé de 82 ans, et sa famille vivent dans la station balnéaire de Charm el Cheikh depuis leur départ du Caire. Il leur est interdit de quitter l'Egypte. «Nous resterons ici tant que Moubarak n'aura pas été jugé», a promis Mahmoud Salama, qui travaille dans une agence de voyage.
Manifestation contre la corruption
Les collectifs formés de jeunes cyberactivistes, à la pointe de la révolution égyptienne, avaient appelé à cette nouvelle manifestation contre la corruption dans le cadre d'un «Vendredi de la purification et des responsabilités». L'armée a déjà dispersé par la force une précédente manifestation sur la place Tahrir après le renversement de Moubarak. Elle avait présenté des excuses le lendemain, affirmant qu'aucun ordre n'avait été donné pour cette intervention.
Le Conseil suprême des forces armées a programmé des élections législatives en septembre. Un scrutin présidentiel suivra, en octobre ou novembre, et l'armée a annoncé qu'elle remettrait le pouvoir à un gouvernement civil.
http://www.20minutes.fr/article/703573/monde-egypte-2-morts-18-blesses-apres-incidents-place-tahrir