PS: l'arabe et le franc,ais sont tous les 2 des langues etrangeres au Maroc issues de colonisation.
C'est aussi valable pour les langues officielles de pas mal d'autres pays, mais ca n'empeche pas ces pays d'utiliser ces langues aussi bien dans la population quand dans la vie officielle. Par ex. l'espagnol dans toute l'amerique latine (exception: portugais au Bresil): rien que le fait qu'ils parlent tous espagnol au lieu de 500 dialectes Inka et autres constitue une forme d'union culturelle et presque politique qu'il ne faut pas sous-estimer. Ditto pour l'Afrique qui est divisee un peu 50/50 entre le Francais et l'Anglais, ou l'Asie divisee entre l'Anglais, Chinoix/Japonais et Russe, etc.
Par contre, les langues autochtones n'ont que rarement survecu et gardent un caractere exotique, une sorte de curiosite anachronique. Par exemple l'ecossais: c'est bien une langue qui existe et qui est parlee par une partie des britanniques, y compris par le prince Charles, mais elle n'a aucune chance de devenir une langue d'expression culturelle (il n'y a quasiment pas de livres ecrits en ecossais), et encore moins une langue officielle au Royaume Uni.
Et c'est la meme chose partout ou des minorites (ou majorites) se fondent dans un grouppe plus grand, n'importe ou au monde. Il y a une sorte de tendence d'eviter la proliferation de langues. Parce que plus il y a de langues, plus la communication entre les etres humains se complique. Plus il y a de langues, plus il faut avoir recours a des interpretes, traducteurs etc.., ce qui reduit l'efficacite des echanges humaines (commerciaux, culturels et autres). Et plus il y a de langues, plus on a des barrieres artificielles de la comprehension.
Alors pour le Maroc, il faut faire un choix. Mais je pense que le choix n'est pas vraiment entre la proliferation des langues (francais, arabe, anglais et les langues berberes), et l'unification des langues sous une langue etrangere (l'arabe que presque personne ne maitrise correctement a l'exception d'une infime minorite, ou le tamazight qu'une importante tranche de la population marocaine ne comprend pas du tout).
Le choix que le Maroc doit faire ici, c'est entre le francais et l'arabe, pour le dire ouvertement et sans se voiler la face. Et c'est surtout aussi un choix entre se tourner vers l'Europe ou se tourner vers le Moyen Orient. C'est aussi simple que ca, et c'est aussi lourd en consequences. Hassan II avait dit "Le Maroc est comme un arbre qui a ses racines en Afrique et ses feuilles en Europe", mais pour l'instant, le Maroc est confronte entre le choix de l'"occidentalisation" ou de l'"orientalisation" culturelle. C'est un choix fondamental, qui sera decide au niveau politique, culturel et aussi economique. Geographiquement, le Maroc est le voisin immediat de l'Europe et est bien plus proche de celle-ci que du Moyen Orient. Culturellement, le Maroc est divise: une grande partie de l'elite culturelle est francophone et est clairement orientee vers l'Europe, mais une partie de cette elite -- comme les El Fassis -- coquette et flirte avec le monde moyen oriental. Religieusement, le Maroc est moyen-oriential, mais clairement plus tolerant que pas mal de pays moyen orientaux.
Alors la discussion actuelle est une discussion de la direction a prendre. C'est une discussion immensement plus urgente et -- il faut le repeter -- lourde en consequences (aussi bien benefiques que desastreuses) que la discussion de l'identite culturelle des Amazighs, Chleuhs, Arabes et autres.... Parce que reconnaitre l'identite culturelle des differentes parties de la population marocaine est une chose immensement plus facile a faire (s'il y a suffisament d'activisme amazigh et ceci malgre les reticences des arabisants) que de faire le choix entre l'Europe et l'Arabie. C'est ce dernier choix qui decidera de l'avenir du Maroc en entier et qui formera son destin dans les centennaires a venir.