Le procès Persépolis déchaîne les passions en Tunisie. Poursuivi pour avoir diffusé le film de Marjane Satrapi, le patron de la chaîne de la chaîne de télévision tunisienne Nessma Nabil Karoui s'est retrouvé devant le tribunal à Tunis le 23 janvier après une première comparution reportée en octobre dernier. Mais la reprise du procès n'a duré que quelques minutes. La raison? La cohue et les altercations entre avocats à l'intérieur du Tribunal. A l'extérieur, ce sont pro et anti Nessma qui s'étaient mobilisés dès 8h du matin. Un rassemblement qui a mal terminé.
Venus pour manifester leur soutien à la liberté d'expression, Zyed Krichen, directeur de la rédaction du journal tunisien «Le Maghreb» et Hamadi Redissi, journaliste et professeur de Sciences politiques à lUniversité de Tunis, ont été agressés par un groupe d'individus salafistes, rapporte Tunisie Numérique.
Ce mardi 24 janvier, les sites d'informations tunisiens font cause commune pour protester contre l'agression des deux intellectuels:
«Nos deux chercheurs (M. Krichen nest pas uniquement journaliste) ont été traités de la pire manière devant le Palais de Justice, par une bande dilluminés qui se sont autoproclamés défenseurs de Dieu. [...] Une chose est certaine, cest que les agissements de cette bande dextrémistes (les vrais salafistes nont jamais promu la violence ou linsulte) ne servent en rien la religion. Sil y a quelquun qui dessert lislam en Tunisie, cest bien eux et cette vidéo en est la meilleure preuve», affirme Business News.
Des Islamistes de Ennahdha agressent le journaliste Zyed Krichen - YouTube
Un journaliste de Kapitalis explique quant à lui:
«Devant le portail du tribunal, jai pu voir et reconnaitre plusieurs jeunes leaders salafistes brandir les drapeaux noirs et chanter et crier des slogans du type "Mort à Nessma", "Echaab yourid eskat Nessma". Le ministère de lIntérieur est resté jusquà aujourdhui «spectateur» et a choisi tout comme le ministère de lEnseignement supérieur de laisser pourrir la situation et de laisser la rue faire sa loi. Quelle conclusion tirer? Où ceci peut-il nous mener?»
C'est «la goutte de trop», conclut Kapitalis.
Le chef du gouvernment tunisien, Hamadi Jebali, a déploré l'agression contre les journalistes à lAssemblée Constituante, rapporte Tuniscope. En ajoutant que «cela était impardonnable, qu'une enquête sera menée et que l'agresseur sera puni.»
Le procès Persépolis de Nessma TV a lui été reporté au 19 avril prochain.
SlateAfrique