J'imagine fort bien qu'il t'arrive de vouloir donner une punition à ton enfant lors même que tu ne voudrais pas qu'il te punisse (ou une sanction à ton subordonné, puisque je sens venir "l'enfant n'est pas apte à décider seul", sans qu'il ne puisse te sanctionner).
Je n'ai jamais sanctionné quiconque travaillant pour moi. En ce qui concerne les élèves, à l'époque où j'enseignais en secondaire, je ne faisais que dans la sanction utile. C'est à dire dans la réparation de sa nuisance. Si on me plantais un PC, on le réparait.
Il ne s'agit là encore pas d'une sanction personnelle mais bien par rapport aux autres et à ce qu'ils ont nui aux autres.
Les relations entre humains sont, fort heureusement, asymétriques.
Pas forcément, non. Seulement chez ceux qui cherchent le pouvoir. Je ne cherche absolument pas le pouvoir, cela m'ennuie profondément. Je ne suis pas le boss concernant les personnes travaillant avec moi. Je suis le responsable. C'est une relation totalement différente. Ce qui implique de toujours expliquer ce qu'on fait et pourquoi on le fait. Et donc de rester à l'écoute de l'autre.
Ainsi, l'autorité dont l'on dispose envers les gens nous poussent à opérer des choix les concernant dans un soucis de préservation, d'élévation de leur propre personne sans que cela ne soit une atteinte à leur dignité ou une injustice à leur égard.
Là encore, uniquement pour un certain "profil" de personnes. Quand j'ai un choix à faire concernant mon département, je vais voir mes "subordonnés" et on en discute.
Pour ce qui est de ton "ne nuit pas à son prochain", tu entends réduire volontairement la nuisance au seul domaine du physique sans prendre en compte les nuisances qui sont d'un tout autre ordre.
Psychologique aussi, pas seulement physique.
Ainsi, les agressions visuelles, verbales, olfactives constituent bien des nuisances et celles-ci peuvent justement provenir de la confrontation à des couples homosexuels, à des niqab, à des nudistes, à des punks etc.... De même que les hableurs, les menteurs, les gens légèrement vêtus, l'odeur des alcooliques constituent des gênes à mon égard (et peut-être au tien également).
Tu confonds nuisance et gène. Le hip hop est pour moi une gène à n'importe quel volume. Du rock à volume sonore très élevé est une nuisance. Et pourtant le rock n'est pas une gène me concernant.
Pour qu'il y ai nuisance il faut qu'il y ait souffrance.
Ce n'est certainement pas à toi (et je pense que tu ne me contrediras pas sur ce point) de décréter ce qui est nuisance et ce qui ne l'est pas et ainsi ce qui mérite prohibition et ce qui ne le mérite pas.
Tout à fait vrai. Par contre, la différence entre nuisance et gène, c'est dans le dictionnaire.
Au final, tant d'attitudes, d'hexis corporelles, de paroles peuvent constituer des nuisances. La règle "ne nuit pas à son prochain" comme seul motif d'interdiction est donc absolument inopérable du fait de la versatilité de la conception de la nuisance (qui est déjà différente entre nous).
Encore une fois, il s'agit d'une gène.
Enfin, l'individualisme, poussé à l'extrême, qui caractérise beaucoup de gens annihile les possibilités que ceux-ci puissent se rendre compte que la bonté ne consiste pas au fait de vouloir que chacun puisse faire ce qu'il veut, tant que cela ne nous gêne personnellement pas, mais qu'au contraire, cette bonté consiste au fait de vouloir le meilleur pour l'autre, le meilleur pour son présent ainsi que pour son futur et non pas d'être insoucieux aux mauvais choix (selon notre morale) de vie qu'il fera.
La seule possibilité de réaliser cet idéal est de se plier aux lois Supérieures (Divines) qui consacrent un droit parfait qui permet la réelle émancipation de tous les êtres vivants.
Non, désolé, mais cette façon de réfléchir est extrémiste. Je n'octroie à personne le droit de dicter ma conduite. Absolument personne si ce n'est ma propre conscience.
Je n'infantilise pas les individus, je ne les prends pas de haut en pensant savoir mieux qu'eux quel est le chemin à suivre. Et je ne souhaite pas que chacun prennent le même chemin, ça, c'est du fascisme. Une société ordonnée dans laquelle chaque individu suit un chemin prédéterminé, non merci.
Ce qui fait le coeur de notre humanité est justement notre individualité et notre différence. C'est ce qui nous a permis d'en savoir plus, d'en développer plus, d'en comprendre plus et d'en chercher toujours plus.
Vouloir le meilleur pour l'autre est vouloir qu'il s'épanouisse dans ce qu'il fait tant que cela ne nuit pas aux autres, justement.
Tu ne choisis pas le métier de ton enfant, sa femme (ou son mari), sa religion, sa façon de vivre au quotidien... Et c'est ce qu'apprend / comprend n'importe quel parent soucieux de ses enfants. Le but d'être parent n'est pas de mettre au monde un individu qui va nous réaliser mais un individu qui va se réaliser. Et de l'aider à le faire, non pas de le contraindre à le faire.
En gros, vivre et laisser vivre.
Vouloir mettre son nez dans les affaires des autres concernant leurs moeurs ou leur philosophie de vie, de quelque manière que ce soit, c'est déjà un pas dans la dictature. Et les dictatures n'ont jamais amené rien de bien sympa tant au niveau du peuple qu'elle "gouverne" qu'au niveau des apports faits à l'humanité.
Ps: le passager "missile vivant" pour démontrer qu'il nuirait, soi-disant, à autrui me parait un peu léger comme excuse. Je n'ai personnellement jamais entendu parler de passagers tuant des gens en se transformant en missile (peut-être que cela existe mais cela doit être infime et ne doit nullement justifier une obligation, partant de la logique que tu exposes).
Un ami a eu deux cervicales fêlées suite à un accident parce que son chien vagabondait sur les sièges arrière. Le principe est le même avec un être humain. Un gros coup de frein et tu as une masse de 30-60-80-100 kilos lancé à 100km/h qui te rentre dans le dos, en général au niveau du cou.
Y a des vidéos explicites avec des crash dummies, je peux chercher si tu le souhaites.
Enfin, ce que tu dis des drogues s'applique à l'alcool.
Donc tu es pour la légalisation ? (pourquoi tourner autour du pot)
Je ne tourne pas du tout autour du pot, je cherche à éviter l'attaque idiote du type "ah ben alors t'es d'accord pour qu'un drogué se ballade en pleine rue et agresse les passants" que je vois venir à des kilomètres. Ou une de ses variantes.
Je suis tout à fait pour la légalisation. Sous conditions. Et j'exprime donc clairement ces conditions : tant que cela ne nuit pas à autrui (et non, pas que physiquement). Je garde exactement la même ligne de conduite. C'est celles qui me mène sur le chemin de la vie depuis plus de 30 ans. En gros, depuis que j'ai décidé d'y réfléchir sérieusement.
Tu ne cesses de parler d'individualisme... sauf qu'il n'y a qu'un de nous deux qui veut imposer ses règles individuelles à l'autre. Ce n'est pas de l'individualisme que de souhaiter que chacun soient libre de faire ce qu'il veut.
C'est l'éthique de réciprocité, tout simplement. Qu'on retrouve aussi dans l'islam.