Ok d'accord mais toi tu parlais de "sens oublié" et il m'avait semblé que tu suggérais que le sens était perdu définitivement.
Bref, on doit donc comprendre que toi, c'est-à-dire quelqu'un qui ne comprend pas un mot d'arabe, qui s'est ridiculisé avec son histoire de nageur, qui contredit justement le travail des spécialistes de la langue arabe (puisque tu me parles d'etymologie), etc tu es celui qui rétablit la "vérité"! Moi j'ai envie de te dire mais écris une thèse et publie-la!
"En tant que langue du peuple, à ma connaissance, aucun pays ne l'utilise nativement. C'est une langue essentiellement littéraire, officielle et médiatique (journaux, TV, etc.). La compréhension est variable.
Je me demande si on peut donner une idée de l'écart entre l'arabe le plus divergent et le littéral avec l'écart entre le français actuel et celui du Moyen-Âge. Qu'en pensez-vous ?"
"Quoique, la différence entre les deux langues est plus du domaine du lexique
La grammaire ne doit pas être très différente (sauf peut-être le cas du duel ?) "
C'est justement le contraire. Le lexique dialectal reste, en général, proche de l'arabe littéral:
Par exemple: l'arabe littéral dit: (je veux un nouveau livre. Celui-ci est très vieux, je ne peux lire dedans.)
"urîdu kitâb(an) jadîd(an). hâḏa-l-kitâb(u) qadîm(un) jidd(an), lâ astaṭîʿu-l-qira'a(ta) fîh(i). (j'ai mis les cas entre parenthèses, mais il faut les prononcer sauf le dernier: fih).
أريد كتاباً جديداً هذا الكتاب قديم جداً لا أستطيع القراءة فيه
en dialecte "magrébin ça donnera:
"bġît ktâb jdîd. hâd-el-ktâb qdîm b-ez-zêf, mâ nqder-š neqrâ fîh
le premier verbe (AL) est "urîd(u)" le u initial marque la 1° pers., il est à l'inaccompli car l'acte peut se perpétuer sur un avenir plus ou moins lointain. Dans une action au déroulement rapide, par exemple, en demandant au libraire, j'aurais dit: arattu (accompli) kitâban jadîdan min hâḏa-l-mu'allif (je voudrais un livre nouveau de cet auteur).
en (ADM), on utilise le verbe "bġît" à l'accompli, pour une action plus immédiate, on aurait employé le participe actif: "bâġî" (voulant).
mais que cette différence entre les deux mots ne nous trompe pas. Le verbe "baġâ / yabġî" qui à cette pers. et à ce "temps" se conjugue "baġaytu" existe en AL. Il se trouve même dans le Coran:
قل أغير الله أبغي ربا وهو رب كل شيء
" qul aġayra-llâhi abġî rabban wa-huwa rabbu kulli šay'(in)"
" dis(ô muḥammad): voudrais-je un autre seigneur qu'Allâh alors qu'il est le seigneur de toute chose?" (6/164)
le verbe qui se conjugue ici "abġî" sera en ADM "nebġî".
Le nom et son adjectif "kitâb(an) jadîd(an)" (AL) se retouve presque comme tel en ADM, la grande différence étant la perte de la flexion du cas direct indéterminé (an). Les dialectes ne connaissant pas sauf à de raras exceptions figées des cas de l'AL. l'autre différence est celle, morphologique qui caractérise l'ADM: la chute de la voyelle affectant la 1° radicale qu'on retrouve dans kitâb/ktâb, jadîd/jdîd, qadîm/qdîm.
jiddan > b-ez-zêf: nous avons déjà discuté , dans ce forum, de l'origine de "b-ez-zêf" sans parvenir à une réponse certaine.
lâ astaṭîʿu-l-qira'ata fîh / mâ nqder-š neqrâ fih: Ici la différence semble énorme pour un "profane", mais en fait, elle ne l'est pas tant que ça: neqder est une racine connue de l'AL, elle a un sen très proche voire synonime de "astaṭîʿu" . Dans le dictionnaire:
قدر ـُ قدراً : على شيء> كان في طاقته القيام به
"qadara/yaqduru:qadr(an): kâna fî ṭâqatihi-l-qiyâmu bih(i). "il est dans ses capacités l'accomplissement de la chose".
La grand edifférence est ici l'emploi préférenciel que fait l'Al du nom verbal (maṣdar) {qirâ'ata=l'acte de lire} pour exprimer ce que le français note par l'infinitif, alors que l'ADM prèfèrera le verbe conjugué à l'inaccompli {neqrâ= je lis}. Mais tous deux sont de la même racine.
Et la différence de la négation lâ à l'AL et mâ ...-š pour l'ADM. Mais la négation mâ existe aussi en AL pour l'accompli: mâ qara'tu > je n'ai pas lu.
On voit donc par ce petit exemple que la différence la plus notable est grammaticale, le dialectal ayant, la plupart du temps, puisé dans le foisonnant lexique de l'arabe un mot qui peut varier d'un dialecte à l'autre tout en ayant un lien avec l'AL.