Texte de ousmane timera, conferencier franco sénégalais
La vie des africains est-elle si peu considérable? C'est de toute évidence le cas. C'est le cas, si l'on s'en tient aux diverses tragédies subies par nos soeurs et frères migrants d'Afrique, à cause des politiques européennes inhumaines et iniques, dont certains pays du continent africain, comme le Maroc, sont devenus les principaux exécutants. L'absence de honte n'a, elle, pas de frontière.
Devant des grilles, comme des animaux, au Maroc, sous le prétexte fallacieux de défendre les frontières européennes, la police marocaine, avec la complicité des policiers espagnoles, a tué des africains. Des images de cadavres entassés ont ces temps-ci violé nos coeurs et crispé nos points.
Ils fuient la misère; ils rencontrent la mort. Ils recherchent la dignité; ils trouvent le racisme.
Nous sommes les seuls au monde où le droit de circuler librement se paye au prix de la vie, sur son propre continent. Le Maroc et ses entreprises, notamment Royal air Maroc, qui profitent des largesses des pays d'Afrique sub-saharienne et de leurs diasporas, dont sont issus ces femmes et ces hommes, doivent être sérieusement et totalement boycottés. C'est un devoir morale, politique et collectif. Il faut s'organiser en conséquence.
Mais la mémoire de ces hommes et femmes noirs, animalisés, triés, brutalisés, blessés et tués constamment, serait mal défendue si nous ne pointions pas la responsabilité première de nos dirigeants africains. C'est l'échec de leur choix économiques et politiques qui est en premier lieu responsable de cette misère fuie par la jeunesse africaine. Leur soumission aux dictats et accords économiques et politiques, pensés pour les seuls intérêts des occidentaux qu'ils servent avec zèle, est la principale cause de ses tragédies. A cela s'ajoute, avec la complicité de la mafia internationale qu'on appelle "communauté internationale", la corruption endémique de nos élites qui volent ce qui devrait être investi dans le pays.
Ne pas pointer la défaillance de nos sociétés africaines qui laissent partir toute cette jeunesse, et dont les élites ne pensent qu'à mendier du blé, c'est se condamner à revivre ces tragédies.
Le Maroc doit-être boycotté. Mais plus que cela, ce sont nos dirigeants qui doivent-être secoués.