Tunisie : pourquoi la France ne condamne pas la répression
Alors que les affrontements auraient fait 66 morts en Tunisie selon un dernier bilan, le gouvernement français reste silencieux. Éléments de réponse.
Selon un bilan établi par la Fédération internationale des droits de l'Homme, les affrontements auraient fait 66 morts. (photo AFP).
Le mouvement de révolte contre le chômage se poursuit en Tunisie. Mercredi, la révolte a gagné la banlieue de Tunis, où de violents affrontements ont opposé les forces de sécurité à des jeunes cette nuit, et ce malgré le couvre-feu.
Depuis le début de la protestation mi-décembre, les violences ont fait 21 morts selon le gouvernement local, 50 de source syndicale, 66 selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme.
Mercredi, un Franco-Tunisien, Hatem Bettahar, professeur d'informatique à l'Université de Technologie de Compiègne (Oise) a été tué par balles dans la ville de Douz. Ses collègues et le frère de la victime ont choisi de publier la vidéo où on le voit agoniser, c'est d'ailleurs l'un d'eux qui a prévenu Rue89 de son décès.
Au pouvoir depuis 23 ans, le gouvernement du président Zine El Abidine Ben Ali a pourtant tenté de calmer le jeu, avec le limogeage du ministre de l'Intérieur et la libération de toutes les personnes arrêtées, à "l'exception de ceux qui sont impliqués dans des actes de vandalisme".
Mercredi, l'Union européenne (UE) a condamné l'usage "disproportionné" de la force par la police en Tunisie. Mais du côté du gouvernement français et de l'Élysée, c'est un silence embarrassé. Exemple significatif : celui d'Éric Besson, ministre de l'Industrie : "Je n'ai pas de point de vue particulier sur la Tunisie". Plusieurs voix de l'opposition ont dénoncé la modération des réactions du gouvernement français face à la répression.
"Un silence coupable" selon Benoit Hamon, porte-parole du parti socialiste. Même reproche, mot pour mot, exprimé par Jean-Luc Mélenchon. "Je crois que c'est un silence coupable, c'est le silence de gens qui ne savent que faire après avoir accompagné d'une manière irréfléchie (la) trajectoire politique" du président Zine el Abidine Ben Ali", a déclaré le président du parti de gauche.