Marrakech et Agadir ne sont pas les seules villes où la prostitution monte en flèche. A Saïdia, le coût de la vie de plus en plus élevé, le chômage et des situations familiales précaires poussent de nombreuses femmes à se prostituer.
Réservée à ses débuts aux seuls militaires et mondains des cités urbaines, la prostitution est aujourdhui accessible à toutes les bourses...
Une heure du matin, un samedi soir à Saïdia. Le sourire en bannière et le décolleté à tout vent, Asmae entame sa nuit. Du haut de ses douze centimètres de talons rouges, elle entre dans une boîte de nuit de la marina. Des effluves sonores de musique orientale et de raï séchappent du lieu. Sous les néons rouges, des tablées dhommes se dessinent, agrémentées de chicha et de bouteilles dalcool.
Originaire de Rabat, celle qui se fait surnommer « Shakira » en raison de sa flamboyante chevelure blonde, se prostitue depuis un an à Saïdia. « Je ne sors pas tous les soirs pour travailler. La journée, je suis serveuse dans un restaurant de la marina, mais cela ne me fait pas gagner assez. Dans lOriental, il ny a pas de vrai travail avec un bon salaire pour les femmes. Alors je nai pas le choix », résume-t-elle. Ces « extras », elle les monnaye entre 700 et 800 dirhams au printemps et 1 000 dirhams en été. Fraîchement divorcée, elle transfère une grande partie de largent à ses surs qui gardent sa petite fille de 4 ans à Rabat. « Mes surs ignorent le travail que je fais », avoue-t-elle.
«Je me prostitue depuis mes 17 ans. Je le fais toujours avec la peur au ventre. Même après tant dannées, cest toujours aussi difficile. On ne shabitue jamais».
Fatima
Une demi-heure après son entrée dans la boîte, Asmae se dirige vers le bar, un homme ly a invité à coups dillades insistantes. Ses clients sont principalement des Rifains, quelques Marocains émigrés en haute saison, et occasionnellement des étrangers. « Cest toujours dangereux, on ne sait jamais sur qui on tombe. Les Rifains sont souvent très violents », confie Asmae.
« On ne shabitue jamais »
Sur la piste, les filles dansent tandis que les hommes les regardent en buvant. « A cette heure-là, impossible de trouver une fille qui ne soit pas une prostituée ici », juge Yassine, jeune étudiant oujdi attablé avec trois amis. Depuis la création de la station balnéaire en 2008, le phénomène de prostitution a pris de lampleur. « Elles sont de plus en plus nombreuses.
La région était vide avant, alors cest un marché vierge. Saïdia est connue pour cela maintenant », raconte Rachid, patron dun restaurant de la marina, avant de poursuivre « Dans lOriental, les femmes et les hommes sont séparés depuis lenfance. Du coup, dès quils peuvent se le permettre, et notamment avec largent des trafics, les Rifains viennent dans les boîtes et ils payent. On laisse faire et on ignore le problème parce que la prostitution fait partie du développement économique de la région », estime-t-il.
3h du matin. Debout dans un coin, Fatima attend de trouver un client. Les yeux tristes, cette jeune trentenaire longiligne originaire de Khémisset parle de sa vie dune voix monotone, se tordant nerveusement les mains. « Je me prostitue depuis mes 17 ans. Je le fais toujours avec la peur au ventre. Même après tant dannées, cest toujours aussi difficile. On ne shabitue jamais », confie-t-elle, le regard dans le vide. Les risques encourus à chaque client sont nombreux : le vol, les violences, voire le viol.
Réservée à ses débuts aux seuls militaires et mondains des cités urbaines, la prostitution est aujourdhui accessible à toutes les bourses...
Une heure du matin, un samedi soir à Saïdia. Le sourire en bannière et le décolleté à tout vent, Asmae entame sa nuit. Du haut de ses douze centimètres de talons rouges, elle entre dans une boîte de nuit de la marina. Des effluves sonores de musique orientale et de raï séchappent du lieu. Sous les néons rouges, des tablées dhommes se dessinent, agrémentées de chicha et de bouteilles dalcool.
Originaire de Rabat, celle qui se fait surnommer « Shakira » en raison de sa flamboyante chevelure blonde, se prostitue depuis un an à Saïdia. « Je ne sors pas tous les soirs pour travailler. La journée, je suis serveuse dans un restaurant de la marina, mais cela ne me fait pas gagner assez. Dans lOriental, il ny a pas de vrai travail avec un bon salaire pour les femmes. Alors je nai pas le choix », résume-t-elle. Ces « extras », elle les monnaye entre 700 et 800 dirhams au printemps et 1 000 dirhams en été. Fraîchement divorcée, elle transfère une grande partie de largent à ses surs qui gardent sa petite fille de 4 ans à Rabat. « Mes surs ignorent le travail que je fais », avoue-t-elle.
«Je me prostitue depuis mes 17 ans. Je le fais toujours avec la peur au ventre. Même après tant dannées, cest toujours aussi difficile. On ne shabitue jamais».
Fatima
Une demi-heure après son entrée dans la boîte, Asmae se dirige vers le bar, un homme ly a invité à coups dillades insistantes. Ses clients sont principalement des Rifains, quelques Marocains émigrés en haute saison, et occasionnellement des étrangers. « Cest toujours dangereux, on ne sait jamais sur qui on tombe. Les Rifains sont souvent très violents », confie Asmae.
« On ne shabitue jamais »
Sur la piste, les filles dansent tandis que les hommes les regardent en buvant. « A cette heure-là, impossible de trouver une fille qui ne soit pas une prostituée ici », juge Yassine, jeune étudiant oujdi attablé avec trois amis. Depuis la création de la station balnéaire en 2008, le phénomène de prostitution a pris de lampleur. « Elles sont de plus en plus nombreuses.
La région était vide avant, alors cest un marché vierge. Saïdia est connue pour cela maintenant », raconte Rachid, patron dun restaurant de la marina, avant de poursuivre « Dans lOriental, les femmes et les hommes sont séparés depuis lenfance. Du coup, dès quils peuvent se le permettre, et notamment avec largent des trafics, les Rifains viennent dans les boîtes et ils payent. On laisse faire et on ignore le problème parce que la prostitution fait partie du développement économique de la région », estime-t-il.
3h du matin. Debout dans un coin, Fatima attend de trouver un client. Les yeux tristes, cette jeune trentenaire longiligne originaire de Khémisset parle de sa vie dune voix monotone, se tordant nerveusement les mains. « Je me prostitue depuis mes 17 ans. Je le fais toujours avec la peur au ventre. Même après tant dannées, cest toujours aussi difficile. On ne shabitue jamais », confie-t-elle, le regard dans le vide. Les risques encourus à chaque client sont nombreux : le vol, les violences, voire le viol.