Je suis bien d'accord. En fait ma question n'est qu'un prétexte pour tenter de réfléchir sur un concept qui, je pense, dépasse complètement notre raison.
Tu es bien parti avec ce passage, mais t'as pas continué dans cette lancée par la suite...
@Ebion
Ça ressemble à la position de Kant : la liberté des personnes en tant qu’êtres intelligibles, mais leur déterminisme en tant qu’êtres sensibles. Mais cette position est démodée.
Si Dieu prévoit nos actions, je vois pas comment continuer à nous croire responsables.
Deux choses à préciser :
C’est pas la connaissance de Dieu qui « impose » une nécessité à nos actes. Mais c’est la nécessité de nos actes qui rend possible la connaissance (future) de Dieu. Faisons une analogie : si je vois une colonne de fumée dans une forêt, je sais qu’il y a le feu, mais la fumée ne cause pas le feu, elle ne fait que le faire connaître. La fumée ne crée pas du feu, mais elle le suppose.
L’autre chose : c’est pas toutes les formes de liberté qui s’accordent avec la possibilité d’être responsable de ses actes. Pour plusieurs, être libre, c’est pouvoir faire ce qu’on veut. Plusieurs philosophes ont dit quelque chose comme ça, mais ça suffit pas. Un enfant est parfois libre dans ce sens, voire un chien. Et même dans un certain sens un fou (en liberté). Ils seraient libres dès lors qu’ils auraient la permission de satisfaire leurs envies. Mais on comprend que la responsabilité exige davantage.
La responsabilité, philosophiquement, implique qu’on ait une influence réelle sur l’issue de l’événement, et pas juste comme engrenage passif dans une grande chaîne de causalité inflexible. Il faut donc que le futur soit ouvert, et qu’on puisse le façonner nous-mêmes, comme une sorte de page blanche où on écrit la suite de notre vie. Le contraire, c’est comme lire un texte déjà écrit : c’est pas nous qui déterminons ce que sera la partie pas lue.
C’est ça le problème des idées de prédestination. Dire que c’était écrit nous réduit au rôle de personnages de théâtre qui vivent une aventure selon les décisions des auteurs de la pièce. Alors bien sûr Corneille ou Sophocle connaîtront d’avance la fin, mais les personnages ne sont pas de vrais agents libres.