Et du coup comment les palestiniens que tu as rencontrés entrevoient-ils une sortie de conflit ?
La plupart sont assez pessimistes sur le cour terme (et je suis d'accord avec eux). Ma mère a mis un peu d'eau dans son ayran (vu le gendre que ma sœur a ramené à la maison), mais elle est convaincue que la paix impliquera forcément de jeter à la mer un certain nombre de dirigeants et rabbins israéliens (elle n'a pas tort). A part ceux qui sont convaincus qu'il faut raser Israël et trucider tous les Juifs de la région de la maison de retraite au berceau, les espoirs varient souvent selon la situation personnelle.
A Gaza, il y a ceux qui pensent que la force va payer, et d'autres qui songent à une grande marche du retour pour faire tomber les murs (un peu comme ce qui s'est passé lors de l'effondrement de l'URSS). Avec 2 millions de Palestiniens gazaouis dans les faubourgs de Jérusalem, ils pensent que le camp d'en face devrait négocier.
En Cisjordanie occupée ou non, il y en a qui appliquent les bonnes vieilles recettes qui ne marchent pas depuis 1948 voire avant, mais que ça finira par payer : attentats, attaques... Les Israéliens ripostent, eux aussi en se disant que ça finira bien par dissuader les Palestiniens. Sinon, ils pensent surtout à une solution à deux Etats, sur les frontières de 1967, qui leur permettrait de cohabiter. En pratique, comme c'est irréaliste à cause du mitage territorial des colonies, ils imaginent de bricoler une solution temporaire, avant de discuter sereinement.
A Jérusalem-Est, l'approche qui prédomine est la cohabitation plus ou moins pacifique (disons qu'on s'entretue au tribunal et dans les médias). Les Israéliens sont là, bien implantés, ils ne veulent pas partir, militairement ils ne peuvent être délogés et la vie quotidienne depuis 1967 est quand même devenue plus agréable. Ils ont le statut de résidents israéliens, ce qui leur donne beaucoup de droits : sécurité sociale, retraite, chômage, vote aux élections municipales, pas de rétention administrative (un régime d'emprisonnement sans respect des droits de l'accusé), liberté totale de circulation dans le pays, libre accès à l'emploi, aux écoles, aux universités... Sur simple demande ils peuvent obtenir la citoyenneté, qui offre une puissante protection juridique.
Chez les jeunes de Jéruslame je constate une tendance à se dire que la solution consiste à s'intégrer à la société israélienne, et que mécaniquement (par le jeu de la démographie), on finira par acquérir plus de poids. Historiquement les partis arabes boycottaient les élections, mais depuis quelques années ils se font élire et les Arabes vont voter. Ils espèrent passer par la réforme.
De manière générale, les Palestiniens ont laissé tomber l'espoir que les pays arabes fassent quelque chose. Les gouvernements qui en avaient quelque chose à cirer fut un temps se sont refroidis suite à la raclée de 1967. Les autres font des déclarations d'intention et
basta. La rue arabe est plutôt de leur côté, mais pas au point de faire céder les gouvernements. La Jordanie intervient parfois, mais elle a été refroidie par les tentatives de putsch de Yasser Arafat à la fin des années 1960, et les Palestiniens ont appris en 1970 que les Hachémites pouvaient cogner dur.
En revanchent ils comptent pas mal sur BDS et son influence dans les pays occidentaux. C'est le type d'action qui a fait plier l'Afrique du Sud sur l'Apartheid. Ca a l'avantage d'être pacifique, de pouvoir être "vendu" sans sombrer dans l'antisémitisme, et d'être accessible au plus grand nombre. Ils espèrent aussi profiter du tourisme pour sensibiliser les étrangers à leur cause.
Ah si tu veux essayer, tout le monde est bienvenu auprès de la communauté ^^ On fait des fêtes très sympas ! Conversion non requise, la pratique de l'islam conformément au sunnisme (ou pas mal d'autres courants de l'islam) est considérée comme valable. Tunceli est l'un des cœurs historiques de notre courant, et c'est une région merveilleuse.