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On prend un peu de retard. On attend encore 13 minibus, venant de Marrakech. Parmi nous, les médecins de plusieurs villes périphériques sont déjà là (Errachidia, Figuig, Ouarzazate, Assa Zag, Tantan, Ta, Tata...).
On s'organise donc par localisation et par spécialité et en attend. On nous distribue les slogans avec numéros. Détail important pour qu'on crie d'une même voix et éviter que quelques uns y vont de leur petite chansonnette grivoise wella chi slogan insultant...Des casquettes en papier sont également distribuées avec les initiales de notre seul syndicat et de la commission des médecins internes et résidents, toujours pour bien faire comprendre que les centrales syndicales qui nous collent de force ne nous représentent en rien.
On se motive à coup de slogans. On est content, on est fier, on est très nombreux. On attend les autres.
Quand la nouvelle tombe. Un représentant du syndicat nous informe qu'une interdiction de la marche vient d'être formulée à l'instant, que les forces de l'ordre sont déjà là (on ne les avait pas vu car on était assis alors que lui était en hauteur sur une petite honda) et qu'elles ont reçu l'ordre d'intervenir avec violence si on s'obstinait à faire la marche...
J'avoue que j'ai eu peur. Ceci a fait remonter en moi ma peur viscérale du policier, quand j'étais enfant. Les paroles de maman, quand le policier se trimballait encore avec une R4 noire: "Ma tchoufich fihe même pas et ne cite jamais le nom du Roi!"...Mais attend, on est en 2011, un autre Roi nous gouverne, je suis médecin, on est à la veille de réformes historiques et surtout j'ai des revendications simples et parfaitement légitimes!. La, la, la, il faut rester et faire notre marche.
Le représentant appelle au vote: faire la marche ou non?. Le vote était unanime, on maitient la marche. Il prend le soin crier au micro que la marche est silmiya, on entonne l'hymne nationale...iwa, wa 3la barakati Allah!