Je suis une femme, j'habite à La Chapelle. Le vrai problème, ce ne sont pas les harceleurs
"Le Parisien" révèle dans une enquête que des femmes seraient chassées et harcelées dans le quartier La Chapelle-Pajol. Cécile, 41 ans, habite ce quartier du XVIIIe arrondissement de Paris, depuis dix ans. Même si elle n'a jamais été directement visée par des invectives, elle estime qu'il serait urgent de réaménager cet espace.
Habitante du quartier La Chapelle, il paraît que je suis "une espèce en voie de disparition".
Pour commencer, si l’association SOS Chapelle, qui a lancé la pétition au titre si élégant, s’intéressait vraiment à ma "condition de femme" dans ce quartier La Chapelle-Pajol, elle ne parlerait pas de moi comme d’une guenon.
Ensuite, ne nous trompons pas de combat. Le harcèlement de rue en est un, la situation à La Chapelle, un autre. Oui, il y a une surpopulation masculine au niveau du métro La Chapelle. Une population, précisons-le, très composite : où l’on trouve à la fois des migrants, qui continuent d’affluer dans ce quartier dont le nom sonne comme un eldorado depuis qu’ils ont embarqué en Libye ; des Tamoules, qui fréquentent les nombreuses épiceries du coin ; des Maghrébins de tous âges qui discutent autour des potelets ; des groupes de "cailleras" qui font leurs petits trafics – les mêmes qu’à La Goutte d’Or, Aubervilliers ou Saint-Denis.
C'est un "peu excessif":
Vrai, cette concentration de mâles n’est pas agréable à traverser pour la femme et la mère de deux fillettes que je suis. Je ne me suis jamais fait harceler personnellement. Jamais les copines du quartier ne m’ont parlé de ce problème. Après avoir lu "Le Parisien", je leur ai posé la question. L’une d’elles me confie alors :
"Un peu excessif ! Mais je passe de plus en plus souvent par la rue Cail… pour contourner la densité de testostérone."
Une autre me dit qu’elle s’est fait siffler il y a quelques jours, alors qu’elle passait à vélo. Et que ne lui était jamais arrivé avant. Texto de la troisième, enseignante dans le quartier Pajol :
"Après discussion dans la salle des maîtres, ou plutôt des ‘maîtresses’, avec des femmes de tous les âges donc, qui travaillent et se déplacent quotidiennement dans le quartier, personne n’a jamais eu le moindre problème ni n’a été interpellé. Oui, les migrants sont là, ils attendent, les rues sont sales, mais il n’y a pas d’agressivité envers les femmes en particulier".
Mais pourquoi ces hommes sont-ils là ? Parce qu’il y a la place pardi ! Parce que personne d’autre n’a envie d’y traîner. Parce que ce quartier est à l’abandon depuis des années. Ni les maires des arrondissements concernés (Xe et XVIIIe), ni la mairie de Paris, n’ont pris la mesure du problème – les agents immobiliers, eux, l’observent chaque jour : le prix du mètre carré y est l’un des plus bas de Paris intra-muros !
http://leplus.nouvelobs.com/contrib...i-probleme-ce-ne-sont-pas-les-harceleurs.html