Arrêtez, on a empéché une mise en scène des Suppliantes d'Eschyle de se jouer en Sorbonne au prétexte que c'était du "black face", accusation d'un représentant noir :
https://www.lemonde.fr/idees/articl...-de-decoloniser-les-esprits_5454045_3232.html
Blackface à la Sorbonne : « Il est urgent de décoloniser les esprits »
TRIBUNE
Ghyslain Vedeux
Président du Conseil représentatif des associations noires de France
Tribune. La pièce d’Eschyle,
Les Suppliantes, devait se jouer à la Sorbonne le 25 mars 2019. Philippe Brunet, le metteur en scène, avait fait le choix de recourir au « blackface », pratique qui consiste, pour une personne blanche, à se maquiller en noir. Cet usage est né en Europe au XVIIe siècle, et avait pour but de présenter les Noirs sous un jour ridicule ou diabolique. Ces spectacles préparaient le public à accepter l’inacceptable – l’esclavage et la colonisation. Après tout, les Noirs n’étaient-ils pas des êtres effrayants ou grotesques ? C’est ainsi qu’au fil des siècles les différentes versions du « blackface » ont permis d’organiser la fabrique du consentement populaire aux crimes contre l’humanité.
Le « blackface » a été condamné en France par le Défenseur des droits, tout récemment
par le Parlement européen dans une résolution du 26 mars, et par l’ONU (le Comité pour l’élimination des discriminations raciales).
Les Pays-Bas et la Belgique s’efforcent de mettre un terme à cette pratique récurrente. En France, quoique méconnue, elle est aussi très fréquente. Les éternels
spectacles de Michel Leeb ou le
carnaval de Dunkerque, par exemple, en témoignent. Et comment pourrions-nous oublier que c
ertains policiers du Kremlin-Bicêtre, en 2014, s’étaient déguisés en Africainset avaient pris des poses simiesques dans la vieille tradition raciste des spectacles « blackface » ? Une « soirée privée » dont le caractère raciste a été clairement établi par le Défenseur des droits,
dans une décision du 21 mars 2017.
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Depuis un an, des étudiants interpellent Philippe Brunet sur ses choix, qui ont suscité un énorme malaise. Le problème n’était pas la pièce, mais la mise en scène. L’artiste se contenta de se présenter comme irréprochable car
« helléniste » et
« héritier de la part africaine » de la Grèce antique. Dans le même temps, nous nous heurtions à ce que nous sommes bien obligés, après maintes tentatives de dialogue, de considérer comme une incapacité à faire preuve d’écoute et d’empathie face aux émotions des descendants d’Africains et de leurs alliés.