Oui et non.
Le "avec leurs défauts" n'est pas à mettre entre patenthèse, car les conséquences de ces défauts sont loin d'être mineurs. C'est pas le lieu d'évoquer la Libye, la Syrie, la 2ème guerre en Irak, la Françafrique, la scandaleuse hypocrisie dans le dossier israélo-palestinien, la condamnation "à durée déterminée" de l'Arabie Saoudite après l'affaire Kachogui, etc, mais les démocraties du monde, même si en termes de politiques intérieures on les préfère aux dictatures, ne se comportent pas mieux que ces dernières en termes géopolitiques. Les intérêts d'abord.
Oui, je ne suis pas confortable à voir la Russie envahir un Etat indépendant, oui je n'ai aucune sympathie pour le boucher Poutine, mais quel était la nécessité pour ces belles démocraties d'aller narguer la Russie jusqu'à ses portes? Réveiller une certaine guerre froide?
Au-delà des belles démocraties et des vilaines dictatures, les intérêts des und et des autres ne me permettent pas d'entrer à corps perdu dans ce conflit comme si on avait à faire à une situation manichéenne.
Je ne sais pas, enfin je ne crois pas, qu'il y avait volonté de narguer la Russie à ses portes.
Les anciens états de la sphère soviétique ( Pologne, Allemagne de l'Est, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie) et ceux sous occupation soviétique ( Lettonie, Estonie, Lituanie, Moldavie) ce sont empressés de ce tourner vers l'Ouest et de se mettre à l'abri de la Russie une fois l'effondrement de l'URSS.
Ces pays ont largement subit le joug soviétique contre le gré des peuples et surtout sans la moindre appartenance à la sphère culturelle russe.
Il était tout a fait naturel et prévisible qu'ils cherchent à rejoindre la famille européenne ( de l'ouest) et à se mettre à distance d'un éventuel retour de l'ours russe en choisissant la protection de l'OTAN.
Ce glissement à l'ouest ne s'est pas fait avec une intention ferme des USA ou de l'OTAN de les débaucher , ni de provoquer la Russie.
C'est un état de fait au sein duquel l'OTAN n'a été que opportuniste.
Seule la Moldavie n'a pas réussi.
Bien que Biélorussie et Ukraine appartiennent, elles, au monde slavo-russe, la situation actuelle montre bien que tous ces états qui ont réussi à intégrer l'OTAN avant le réveil d'un nouveau nationalisme pan-russe, ont eu raison.
Leur situation était non sécure une fois la Russie remise du traumatisme de l'effondrement de l'empire soviétique.
Autre point, je pense que l'UE dans sa naïveté et sa candeur économique habituelle, avait dès l'effondrement soviétique une vision pan-européenne visant à termes, à intégrer la Russie dans l'espace économique européen.
L'exemple de l'Allemagne qui avait tout misé sur l'énergétique russe était parlant.
C'est pour ça que je ne parlerai pas de provocation délibérée.
Par contre il est probable que ni les USA, ni la Chine n'était à l'aise dans leurs propres sphères hégémonique de voir un ensemble UE-Russie qui aurait pu les contester de manière autonome.
L'Europe est le moteur hégémonique des USA, tout comme l'Europe est le moteur économique de la Chine.
Or si on regarde bien la situation actuelle, qui entretien le conflit en Ukraine ?
Les USA qui permettent à l'Ukraine de défier la Russie, et qui poussent l'Europe à affronter indirectement la Russie. Ils alimentent l'Ukraine et l'Europe d'un espoir conséquent de victoire.
La Chine qui soutien indirectement la Russie en puissant dans les ressources de cette dernière. Elle alimente le sentiment russe de non isolement et ces derniers à un espoirs de victoire certaine.
Sans les USA d'un coté, et sans la Chine de l'autre, je ne suis pas certain que Ukraine et Russie en serait arrivées là aujourd'hui.
Dans une situation devenue si radicale que toute résolution par un compromis acceptable en devient improbable.
Il est à noter qu'en cas d'une fin de guerre aboutissant à une forme de partition de l'Ukraine, l'Europe se verra ajouter un nouveau foyer de consommateurs pour produit américains et chinois, et que la Russie sera fortement exsangue et qu'elle aura besoin de la Chine pour vendre ses ressources naturelles et de trouver une main d'œuvre non russe ( pour compenser ses pertes matérielles, humaines et financières).
La probabilité que la Russie "gagne" est élevée, mais elle pourrait ne pas récupérer de sa "fatigue" et y perdre son statut de puissance.