Une fois cette mise en confiance accomplie, elle a reçu un colis livré par un chauffeur de taxi : la fameuse boîte contenant la statuette piégée. Le chauffeur de taxi ne savait pas ce qu’il transportait et la livraison a bien sûr été payée de façon anonyme.
Puis, fin mars elle est arrivée à Saint-Pétersbourg, et a loué un appartement à 5 minutes du lieu où devait avoir lieu la soirée patriotique. Sa mission cette fois était d’aller à la soirée livrer la fameuse statuette. La suite on la connaît déjà : elle livre la statuette, tente de repartir en prétendant être timide, Vladlen lui dit de s’asseoir près d’elle, et après un certain temps, la bombe qui était dans la statuette explose, tuant le reporter de guerre sur le coup et blessant 40 personnes (le bilan a été plusieurs fois revu à la hausse depuis le 2 avril 2023).
Grâce aux caméras de vidéo-surveillance installées dans les rues de Saint-Pétersbourg, la fuite de la terroriste a pu être tracée. Quelques minutes après l’explosion elle quitte le café et retourne à l’appartement qu’elle loue pour se changer et couper ses cheveux, essayant ainsi de se rendre méconnaissable.
Puis elle change d’appartement et se rend à 20 km de là, sur le Parnasse, où elle arrive vers 23 h. À ce moment-là, les services de renseignement russe l’ont déjà identifiée et savent désormais où elle est. Ils laissent passer quelques heures pour organiser l’intervention et la laisser contacter d’éventuels complices ou visiter d’autres lieux, qui feront tous l’objet d’interventions séparées.
Ils arrêtent alors Daria Trepova, et l’interrogent rapidement pour savoir si elle sait pourquoi elle a été arrêtée. La femme prétend s’être fait avoir et avoir été manipulée, qu’elle ne savait pas ce qui se trouvait dans la statuette, quelle croyait qu’il s’agissait juste d’un système de surveillance.
Le problème c’est que le niveau de préparation de toute cette opération et son attitude au café montre clairement qu’elle savait qu’il s’agissait d’une bombe, puisque au départ elle tente de repartir une fois la statuette donnée à Vladlen Tatarski sous prétexte qu’elle est timide, et qu’elle ne reste que parce qu’il insiste (et que cela aurait paru ultra suspect qu’elle dise non). De plus, elle avait de quoi changer d’apparence, et avait des billets d’avion pour fuir rapidement en Ouzbékistan.