Les limites dépassées continuent d’empirer
Les chercheurs ont ainsi mis en lumière que «
pour toutes les limites précédemment identifiées comme dépassées, le degré de transgression a augmenté depuis 2015. » En gros, la situation s’est encore aggravée pour chaque limite dépassée. Prenons l’exemple de trois d’entre elles.
Du côté de la
biodiversité d’abord : le sujet est divisé en deux, avec d’une part, la biodiversité dite génétique, qui rend compte de l’extinction des espèces et de la perte du patrimoine génétique. Aujourd’hui, environ 1/8 des espèces connues sont menacées de disparaître. L’autre partie concerne la biodiversité fonctionnelle, à savoir le degré danger menaçant les écosystèmes. Sur ce sujet, il s’avère que la ligne rouge a aussi été franchie et ne cesse de s’aggraver.
Autre limite dépassée, celle du
cycle de l’eau douce. Il y a d’abord l’eau « verte » : «
Il s’agit de l’eau présente dans le cycle des végétaux, comme l’humidité des sols », détaille Natacha Gondran chercheuse en sciences et génie de l’environnement. L’autre partie concerne l’eau bleue, que la chercheuse définit comme «
les océans, mers et toute l’eau que l’on va pouvoir prélever et consommer ». Pour ces deux éléments, la situation continue empire.
La limite était également franchie, bien plus que ce qui était estimé précédemment, concernant le
cycle de l’azote et du phosphore, une autre limite planétaire. Ces deux éléments chimiques sont essentiels au fonctionnement de la vie sur terre. Lorsqu’il y en a trop (à cause des surplus d’engrais qui ne sont pas absorbés par les végétaux), ils dérèglent la nature. C’est notamment ce qui cause les fameuses algues vertes sur nos plages. Mais il y a bien pire.
Par rapport à l’étude de 2015 (voir graphique ci-dessus), on observe que les limites dépassées se sont aggravées. La zone verte est l’espace de sécurité (en dessous de la limite). Les zones jaune à rouge représentent la zone de risque croissant. Le violet indique la zone de danger et de changement d’ère. Le changement climatique (climate change) a été divisé en deux catégories : la concentration de Co2 et le forcage radiatif. Autre différence, toutes les limites planétaires sont maintenant quantifiés.
Bientôt huit limites dépassées
Deux nouvelles limites planétaires risquent ainsi d’êtres bientôt franchies. La première concerne
l’acidification des océans. À cause du réchauffement climatique et des émissions de Co2, le PH des océans est modifié, ils deviennent plus acide.
En conséquence, ce sont tous
les écosystèmes marins qui sont menacés, comme en atteste le blanchissement des récifs coralliens (qui signifie leur mort). Sur ce point, la limite n’est plus très loin et selon Dominique Bourg, professeur des sciences de l’environnement à l’université de Lausanne : «
la limite va être franchie. On en est très proche et les choses sont en train de s’accélérer ».
Une fois franchie, cette limite fait craindre une régression marine, s’alarme le chercheur«
La vie marine va s’amenuiser. C’est très inquiétant car pour chacune des cinq grandes extinctions précédentes, la vie s’est effondrée dans les océans puis sur terre. Et la vie marine est indispensable. »
La seconde limite frôlant le dépassement concerne
les aérosols présents dans l’atmosphère. Il s’agit de toutes les particules fines en suspension dans l’air, qui favorise les épisodes de pollution dans les grandes villes, donnant l’impression qu’elles sont noyées dans un brouillard épais.
En plus d’être dangereux pour la santé, ces aérosols biaisent le réchauffement climatique. Leur présence limite l’augmentation des températures, mais dérègle le cycle de l’eau, laissant craindre de graves sécheresses. C’est le cas dans certaines régions du monde comme l’Asie du Sud et l’est de la Chine, où la limite planétaire a déjà été franchie.