Larossi Abballa : un loup solitaire, vraiment ?
Le Point.fr a eu accès à des documents qui établissent des liens concrets entre Larossi Abballa et des djihadistes bien connus des services.
Ils sont trois à avoir été placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur Larossi Abballa, l'auteur du meurtre d'un couple de policiers à Magnanville. Alors qu'un homme est ressorti libre, Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz, 27 et 29 ans, ont été déférés devant le parquet en vue d'une éventuelle mise en examen. Tous deux connaissaient bien Larossi Abballa. Ils ont été condamnés et incarcérés en même temps, évoluant clairement dans les sphères djihadistes. La cartographie relationnelle d'Abballa se dessine peu à peu. Elle indique que l'auteur des deux assassinats entretenait des liens directs avec des membres de la filière des Buttes-Chaumont, Forsane Alizza ou encore des attentats de Casablanca. La théorie du « loup solitaire » semble de moins en moins probable.
Charaf-Din Aberouz est un proche de Larossi Abballa. Les deux hommes ont fait partie d'un groupe de sept Français soupçonnés d'entretenir des liens avec des talibans et Al-Qaïda. Deux d'entre eux avaient été interpellés à Lahore par les services secrets pakistanais en 2011, juste avant d'atteindre le Waziristan, où ils prévoyaient de s'entraîner au djihad. Charaf-Din Aberouz est alors âgé de 25 ans. Il est condamné à cinq ans de prison en France pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste. Il sera libéré le 12 novembre 2015 au motif d'une réduction conditionnelle de peine.
« Violent dans ses rapports avec les mécréants »
Selon les informations que nous avons pu consulter, il est loin d'avoir été un détenu modèle.
L'administration pénitentiaire le qualifie de « radicalisé » se comportant « en recruteur » et note : « démarche les détenus arrivants, fait la promotion de l'islam et débute l'enseignement des individus qu'il prend sous sa tutelle ».
Ainsi, le 21 février 2012, Charaf-Din Aberouz organise un rassemblement d'une quarantaine de détenus lors de la promenade et prononce un discours pendant 10 minutes « dans le plus strict silence des détenus présents qui semblaient conquis et admiratifs », notent les services, inquiets.
Le 27 janvier 2013, il prononce un appel à la prière en pleine nuit. Le 6 juin, ses gardiens rapportent un comportement « violent dans ses rapports avec les mécréants », le 31 décembre 2014, il se réjouit à l'annonce de l'exécution d'Hervé Gourdel en Algérie. Afin d'éviter qu'il ne radicalise tous ses camarades de détention, il changera cinq fois d'établissement sur une période de trois ans et demi.
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mam