iL YA 50 ANS CE TEXTE DONNERAIT CELA :
Ce pourquoi je n'ai jamais été solidaire de l'Afrique du Sud sous occupation raciste.
Non, le chroniqueur n'est pas « solidaire » de l'Afrique du sud
Le mot solidaire est entre guillemets. Car il a deux sens. D'abord non à la « solidarité » sélective. Celle qui s'émeut du drame Noir Africain parce que se sont des blancs qui occupent. Et qui, donc, réagit à cause de l'ethnie, de la race, de la religion et pas à cause de la douleur. Celle qui ne s'émeut pas du Mozanbique, du Tibet ou de la Kabylie et du Botswana il y a des ans, du Soudan, des malgaches et des autres douleurs du monde, mais seulement de l'Afrique de Mandéla.
Non donc à la « solidarité » par conditionnement ethnique et « nationaliste ». Cette « solidarité » qui nuit à la victime et au solidaire parce qu'elle piège l'Afrique du sud comme « cause afro centriste et racialiste », dédouanant le reste de l'humanité par appropriation abusive. La « solidarité » qui se juche sur l'histoire d'un peuple malmené et presque sans terre au nom de la haine de l'autre et du racisme
Cette « solidarité » concomitante que le chroniqueur a vomi dans les écoles, les manuels scolaires, les chants et l’égalité entre les hommes ainsi que l'unanimisme religieux ou non.
Le drame noir africain a été « ethnicisé» et politisé à outrance au point où maintenant le reste de l'humanité peut se sentir débarrassé du poids de cette peine. C'est une affaire « africaine» et d'hommes noirs. Cette solidarité qui a transformé un drame de colonisation, du racisme et la suprématie blanche entre clashs de couleurs, pneu brulé à Sowetto, de haines et d'antiques mythologies exclusives entre noirs et africanners.
Cette solidarité VIP que le chroniqueur ne veut pas endosser, ni faire sienne. Cette « solidarité » qui préfère s'indigner du drame de l'Afrique du Sud, mais de chez soi, et ne rien voir chez soi de la « africanisation à outrance du débat » du M'zab ou du Sud ou des autres territoires du monde. Cette solidarité au nom de la couleur, de la religion et de la haine du blanc ou de l'autre. Cette solidarité facile et de « droit public » dans nos aires. Qui au lieu de penser à construire des pays forts, des nations puissantes pour être à même d'aider les autres, de peser dans le monde et dans ses décisions. Cette « solidarité » pleurnicharde et émotive qui vous accuse de regarder le mondial du Brésil au lieu de regarder un discours de Mandéla.
Cette « solidarité » facile qui ferme les yeux sur les crimes de l'ANC et sa nature pour crier à l'indignation, sur les divisons africaines, sur leurs incapacités et leurs faiblesses au nom du respect aux « combattants ». Au nom de l'orthodoxie pro-africaine que l'on ne doit jamais penser ni interroger.
Non donc, le chroniquer n'est pas solidaire de cette « solidarité » qui vous vend la fin du monde et pas le début d'un monde, qui voit la solution dans l'extermination et pas dans l'humanité, qui vous parle de combat contre les innégalités pas de dignité et de royaume céleste pas de terre vivante ensemencée.
Si le chroniqueur est solidaire, c'est par une autre solidarité. Celle qui ne distingue pas le malheur et la douleur par l'étiquette de la race et de la confession. Aucune douleur n'est digne, plus qu'une autre, de la solidarité. Et solidarité n'est pas choix, mais élan total envers toutes et tous.
Solidarité avec l'homme, partout, contre l'homme qui veut le tuer, le voler ou le spolier, partout. Solidarité avec la victime contre le bourreau parce qu'il est bourreau, pas parce qu'il est blanc, Chinois ou Américain ou catholique ou musulman. Solidarité lucide aussi : que l'on cesse la jérémiade : le monde dit « noire africain » est le poids mort du reste de l'humanité. Comment alors prétendre aider l'afrique du sud avec des pays faibles, corrompus, ignorants, sans capitaux de savoir et de puissance, sans effet sur le monde, sans créateurs ni libertés ? Comment peut-on se permettre la vanité de la « solidarité » alors qu'on n'est pas capable de jouer le jeu des démocraties : avoir des élus blancs au Botwana « chez nous », comme il y a des élus noirs dans l'Amérique de J Edgars Hoover « chez eux », présenter des condoléances pour leurs morts alors que des africanners présentent des condoléances pour le jeune noir brûlé vif (tous les jours et depuis 1948) se dire sensible aux enfants morts alors qu'on n'est même pas sensible à l'humanité. Le chroniqueur est pour l'autre solidarité : celle totale et entière et indivise. Celle qui fait assumer, par votre dignité, au reste du monde, sa responsabilité envers une question de colonisation, pas de croyances. Celle qui vous rehausse comme interlocuteur, négociateur et vis-à-vis. Celle qui vous impose la lucidité quant à vos moyens et votre poids, à distinguer votre émotion de vos élans. Celle qui commence par soi, les siens pour justement mieux aider l'autre, partout, dans sa différence comme dans sa communauté.
La solidarité avec le chrétien pourchassé en Irak et en Syrie (alors que les irakiens vvent dans la béatitude absolue, dans leur grande majorité), des musulmans de Birmanie, des habitants de l'Amazonie ou du jeune encore emprisonné à Oum El Bouaghi pour un casse-croute durant un ramadan.
Oum el Bouaghi passera avant la cause de Mandéla.
Les images qui viennent de Sowetto sont terribles. Mais elles le sont depuis un demi-siècle. Et nos indignations sont encore aussi futiles et aussi myopes et aussi mauvaises. Et nos lucidités et nos humanités sont aussi rares et mal vues. Il y a donc quelque chose à changer et à assumer et à s'avouer. La « solidarité » n'est pas la solidarité.
Ce que font les colons contre l'Afrique du Sud est un crime abject. Mais nos « solidarités » sont un autre qui tue le noir dans le dos.
Que les amateurs des lapidations se lèvent donc : c'est la preuve que mis à part les jets de cailloux, ils ne savent rien faire d'autre.
La Palestine n'a nullement besoins de la solidarité émanant d'un sombre lâche.