Arrogant, je ne crois pas. Je crois surtout que la démocratisation du savoir, l'amélioration de la médecine, des conditions de vie et des droits humains, combinés ces 70 dernières années à une paix relative mais durable, ont des répercussions sur notre manière de voir la vie, Dieu, l'autorité, la religion. Pendant 1900 ans, les conditions de vie des êtres humains ont relativement peu changé, l'existence était rude, les guerres innombrables. Il fallait une foi vive, presque fanatique pour supporter ces conditions de vie. Périodiquement, la foi devenait eschatologique, les gens étaient persuadés qu'ils vivaient les derniers temps et que l'heure du jugement était proche. Dans ce contexte, évidemment que l'on se faisait une représentation de l'enfer particulièrement horrible, tout comme on se représentait le paradis sans doute bien mieux qu'aujourd'hui. Les gens étaient obsédés par l'au-delà. Il en était de même à l'époque de Jésus, d'où ses rappels des châtiments de l'enfer. Les paroles de Jésus se comprennent aussi par leur contexte, comme tout dans la Bible d'ailleurs. Mais songez au bond inouï qu'a fait l'humanité depuis ces 150 dernières années. Notre monde a plus changé en 100 ans qu'en 1000 ans. Et notre vision de Dieu aussi. Je suis le fruit de mon époque, nous sommes tous le fruit de notre époque. Et nous percevons sans doute bien mieux l'incohérence à prêcher un Christ en Croix et dans le même temps un enfer pour la majorité du monde que nous vivons une vie plus douce et plus facile (jusqu'à présent du moins).