Valse avec Bachir
Personnellement, j'ai beaucoup aimé, ce film, une approche entre dessin animé et documentaire ... Une approche bâtarde, on ne sait jamais si on est dans la réalité ou pas, dans l'onirique ou le réel, sauf quand on voit le nom de la personne qui témoigne en haut, à droite ....
Le dessin, le trait y est dur, épais, franc,aucune hésitation dans les traits...la première scène géniale, on rentre d'emblée, en plein dans un rêve terrifiant ...avec des chiens enragés ..
Les couleurs contrastées ... mais beaucoup de jaune, d'orangé, de safrané ... le jaune pour la lumière, lumière qui symbolise pour moi , la mémoire et les souvenirs qu'Ari cherche à retrouver .. La lumière qu'Ari, à la fin du film, se souvient d'avoir allumer pour les Phalangistes avec les fusées éclairantes ... la lumière, symbole de la mort aussi, la lumière qui est renvoyée des linceuls des cadavres qu'Ari est chargé de ramasser et d'en débarrasser Tsahal dès son premier jour de guerre ... Mémoire = Mort ... donc, Ari la refoule ...
Le jaune, en Français, on dit 'rire jaune' ou 'syndicats jaunes' yellow unions , le jaune comme couleur de la trahison, cette mémoire qu'on refoule et qui revient quand même, ou alors qu'on recherche mais que l'on arrive pas à trouver ...
Sinon, Ari recherche des souvenirs, écoute les témoignages des uns et des autres qu'il parvient à recontacter ...
Une très belle symbolique au niveau de la représentation de l'eau et de la mer... :
- Ari fait souvent cette hallucination de sortir nu de la mer avec Beyrouth en feu en face de lui , il est avec deux camarades qui marchent, armés, avec lui, s'en vont vers la lumière et s'habillent ... J'ai l'impression que l'eau est une sorte de liquide amniotique, ici, c'est le ventre de leur mère, d'où ils sortent complètement nus, mais armés (si mon souvenir est bon), la guerre est leur mère, les a fait renaître, car elle les a bouleversé, traumatisé ... : la mer comme mère (désolée pour le jeu de mots tarte à la crème

)
- Un des soldats tombé dans une embuscade avec ses camarades, s'est enfuit par la mer, dans laquelle il a nagé pendant des heures pour fuir l'ennemi, jusqu' à tomber par hasard sur des soldats israëliens, il dit que la mer était calme ce soir là, presque pas de vagues, qu'elle l'avait porté jusqu'au rivage ... en lui évitant la mort ... (la mer salvatrice, il s'agit ici d'un souvenir réel)
- Le camarade d'Ari qui vit en Hollande, comme Ari a une hallucination ... il est allongé sur le ventre d'une superbe et grande femme qui nage en dos crawlé sur la mer et qui le porte, loin, loin de la guerre, de ce yacht où il a perdu son innocence de bon élève en mathématique et champion de jeu d'échecs ...(la mer comme porteuse d'évasion)
Enfin, la mémoire individuelle se croise avec la mémoire collective d'Israël.. quand certains personnages font un parallèle avec le ghetto de Varsovie, la Shoah, la WW2 .. bien que les Israéliens sont dépeints ici comme des gens qui n'avaient aucune implication directe dans le massacre
Au niveau de la structure du documentaire, c'est un éternel va et vient entre rêve, souvenirs et réalité ... une alternance tout au long du film sauf à la fin, où il y a un retour terrible à la réalité, crue, la boucherie, les cadavres, les enfants .. horrible ... insoutenable ..
La Valse avec Bachir tient une place presque centrale dans le film ... dans mon souvenir, c presque au milieu du film que cette scène hallucinante, réelle ? d'un type qui danse avec les balles, intervient ...
Enfin, big up pour la BO, superbe, un vrai plaisir, franchement (surtout que je ne suis pas spécialement fan de rock), la musique est toujours très bien choisie, elle colle parfaitement aux dessins ... Pas mal de rock punk des années 80 et des fonds sonores un peu funky ... Normal, ce sont des gamins de 19 ans qui font la guerre au début des années 80 ...
Quand je suis sortie de la salle, j'avais encore la tête plein de "This is not a love song" ....
http://youtube.com/watch?v=9BGi8u8BtaA