Festival du film israelien en ce moment (isratim) pour les parisiens et ceux que cela interesse
Le cinéma israélien à l'honneur pour les 60 ans de l'Etat hébreu
BeaufortLe Festival du cinéma israélien à Paris ouvrira ses portes du 25 mars au 1er avril prochain, au MK2 Bibliothèque et célèbrera cette année les 60 ans d'Israël.
Ce festival, qui vise à promouvoir le cinéma israélien auprès des publics français et européen, présentera des rétrospectives et des débats avec des professionnels du cinéma, et proposera de nombreux films en avant-premières. Une opportunité de découvrir un cinéma en plein essor.
Coup de projecteur sur le festival
« J'aime le cinéma. J'aime Israël. J'avais envie de me faire une toile et puis je me suis dit : pourquoi ne pas créer mon propre festival ? » C'est ainsi que Charles Zrihen, directeur de l'événement, explique les raisons qui l'ont poussé à créer ce rendez-vous annuel, devenu de plus en plus important.
En effet, avec le soutien de l'association Isratim, des services culturels de l’ambassade d’Israël en France, de la Mairie de Paris et du CNC, il a su séduire d’année en année un public de plus en plus large. Comme il l'explique lui-même, la première édition du Festival, il y a 8 ans, avait attiré 1 200 spectateurs. Aujourd'hui, ce sont plus de 10 000 mordus de cinéma, venus de tous les horizons, qui se pressent pour voir les films qui y sont présentés.
Paris-Tel-Aviv
Il semblerait bien que le cinéma israélien ait le vent en poupe en ce moment. Et Paris y est certainement pour quelque chose. Pour le directeur du festival, qui se dit parisien avant tout, c'était une ville incontournable pour promouvoir une culture encore méconnue, et encourager l’expansion du cinéma israélien au niveau international. Aujourd'hui, comme il le précise : « Le festival est devenu une véritable plaque-tournante à petite échelle pour les cinéastes, producteurs et distributeurs de films. »
Mais c'est aussi une occasion de créer des ponts entre les cultures qui se réunissent pour célébrer le cinéma : « L'une des spécificités de ce festival, c'est que chaque film est présenté soit par le réalisateur, soit par l'acteur, soit les deux. Cela a donné lieu à des rencontres, ça a noué des amitiés qui se poursuivent d'ailleurs entre Paris et Tel-Aviv. » Cet anniversaire est donc, pour son fondateur, une occasion de renforcer ces liens.
60 ans de cinéma Israélien
Charles Zrihen évoque la difficulté qu'a eue le cinéma à s'implanter en Israël au début de son histoire. Mais depuis les années 80, le pays a connu un véritable renouveau dans ses productions cinématographiques, qui coïncide avec la création de nouvelles écoles de cinéma (11 au total) comme Sam Spiegel à Jérusalem, le département cinéma à l’université de Tel-Aviv ou encore la Caméra obscura, école plus technique.
Mais la cinéphilie s'est surtout développée en Israël grâce à une nouvelle génération de cinéastes et d'acteurs.
Devarim - Gitaï AmosParmi les plus célèbres réalisateurs, il y a Uri Zohar (Peeping Tom’s) l'un des plus doués de sa génération, qui est devenu célèbre en Israël, et a désormais abandonné sa carrière pour devenir religieux, et l'actrice-réalisatrice qui monte, Ronit Elkabetz.
Il y a aussi bien sûr les incontournables, comme Amos Gitaï, Avi Nesher, Eytan Fox (Tu marcheras sur l’eau), Joseph Cedar (Feu de camp) et Shemi Zarhin (Bonjour Mr. Chlomi, qui a eu un succès moyen au cinéma mais a fait un triomphe étonnant en DVD).
Depuis dix ans, et après la Corée, l'Iran ou la Roumanie, le cinéma israélien s'impose donc à l'étranger. L'année 2007 a même été l'une des plus fructueuses de son histoire, puisqu'il a raflé quantité de prix comme l'Ours d'or à Berlin (Beaufort), la Caméra d'or à Cannes (Les Méduses de Shira Geffen et Etgar Keret) et le coup de coeur du jury de la sélection cannoise dans la catégorie Un Certain regard ( La Visite de la fanfare, de Eran Kolirin).
Se détacher du conflit
Route 181 : Fragments of a Journey in Palestine-IsraelComposé d’une sélection de documentaires, de longs et courts-métrages, le Festival du cinéma israélien à Paris tente de refléter au mieux le quotidien des Israéliens et leur savoir-faire artistique à travers des films qui sont souvent porteurs d'un message fort. Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la question du conflit israélo-palestinien est rarement abordée de manière frontale. Comme l'explique Charles Zrihen : « Quand un pays est en guerre, la politique est forcément présente. Il y a eu des périodes, avec l'intifada, la crise post-Liban (...) où l'on a assisté à un cinéma un peu nombriliste qui montrait à brûle-pourpoint l'actualité politique. Aujourd'hui, on assiste plutôt à une espèce d'universalité, où les thèmes et les sujets abordés vont au-delà. La guerre reste en filigrane, mais les histoires qui sont racontées ont une autre portée. »
Au fil des années, c'est la diversité qui a été le mot d'ordre des programmations, afin de permettre au public français d'avoir un aperçu général du cinéma israélien depuis la création de l'Etat d'Israël et même avant, en montrant certains films tournés dans ce qui était encore la Palestine. « Les réalisateurs connus en Israël ne le sont que rarement en France et en Europe. Ce qui se détache, c'est l'universalité du cinéma israélien qui dès le départ interpelle le public étranger, européen ou français », explique Charles Zrihen.
A l'honneurDésengagement
Parmi les grands noms du cinéma israélien, on retrouvera dans la nouvelle édition du festival l'incontournabe Amos Gitaï, qui présente cette année son nouveau film en avant-première, Désengagement (sélection officielle aux festivals de Venise et de Berlin), avec Juliette Binoche et Jeanne Moreau.
Toujours côté nouveautés, le festival s'ouvrira avec le film anti-guerre très attendu, Beaufort , de Joseph Cedar, nommé meilleur film étranger aux Oscars à Hollywood, et récompensé par un Ours d'argent au Festival de Berlin.
Seront présentés également Les Citronniers, de Eran Riklis, présenté au Festival de Jérusalem, et Les Secrets d'Avi Nesher (avec Fanny Ardant).
RétrospectiveMariage tardif - Ronit Elkabetz
Parmi les films sélectionnés pour la rétrospective, on trouve Mariage tardif (2000), de Dover Kosashvili, qui avait eu un gros succès au festival, puis ensuite dans les salles il y a quelques années, et qui avait « ouvert la voie » à de nombreux autres films israéliens.
Au total, pour cette rétrospective, une vingtaine de films seront projetés, dont les plus anciens datent des années 70 comme par exemple Givat Halfon (1976), du réalisateur Assi Dayan, également présent avec d'autres films (comme La Vie selon Agfa). Ou encore Tel-Aviv Stories, de Ayelet Menahemi et Nirit Yaron, La Troupe d'Avi Nesher, Girafe de Tzahi Grad, et bien d'autres encore...
Coups de coeur
Le coup de coeur du président va à un petit film tourné caméra à l'épaule qui, selon ses propos, rappellera quelque peu La Haine , de Mathieu Kasovitz. Il s'agit de Vasermil de Mushon Salmona, qui « raconte de manière bouleversante le quotidien d'une bande de jeunes de la banlieue perdue de Beersheva, et de la difficulté d'y grandir. »
A découvrir également des documentaires, comme News from Home, News from House, d'Amos Gitaï, ainsi que des films des écoles.