Ce qui est intéressant, voire amusant, c'est le parallélisme avec ce qu'ont vécu les juifs européens il y a presque 200 ans. Au XIX° siècle, des juifs vivant surtout en Allemagne (déjà!), mais aussi en France, ont rompu avec un certain nombre de pratiques de l'orthodoxie juive, concernant la cacheroute, shabbat, le rapport aux textes sacrés (lecture critique de la Torah et du Talmud), la liturgie (prières modifiées et traduites en allemand), et le rapport hommes/femmes. Le judaïsme réformé ou libéral était né. Deux cents ans après, il reste minoritaire en Europe (le Consistoire ne l'a jamais reconnu en France), mais il est numériquement important aux Etats-Unis.
On retrouve dans l'ouverture de cette mosquée "libérale" en Allemagne exactement les mêmes ingrédients: rupture avec l'orthodoxie qui n'est plus vue comme garante d'une exactitude théologique mais comme gardienne d'une tradition obsolète, question de la langue du culte, question des rapports hommes / femmes dans la pratique religieuse, relation avec les sociétés majoritairement chrétiennes, etc.
C'est une question de fond qui se trouve posée (et que le débat en ces pages illustre bien): est-ce que la religion s'incarne dans son orthodoxie (double en Islam, puisqu'on peut considérer qu'il y a une orthodoxie sunnite et une chiite), ou est-ce que sa pratique peut être adaptée, tant que l'essence du message est conservée?
La seule chose que je sais, c'est que ça va faire couler beaucoup d'encre