Dans les années 80, ce n'était pas des premiers arrivants : à l'époque je sortais avec une fille dont c'était les grand parents qui étaient venus s'installer en France; elle était donc la 3ème génération.
Je crois que tu as mis le doigt sur un point précis : "honte de se revendiquer Musulmans".
Le problème ne se posait pas comme ça : je savais très bien que ma nana et sa famille était Musulmans : Pendant le ramadan on s'empiffrait de gâteaux
Mais il n'y avait rien à revendiquer : c'était comme ça;
tout comme moi : je suis Protestant et je ne revendique et n'ai jamais rien revendiqué. Je vis ma religion en mon fort intérieur, c'est tout, dans le respect des autres religions. Je suis pourtant d'une religion minoritaire qui a subit des persécutions : mes ancêtres ont été exilés, tués, parfois torturés, ont eu leurs temples brulés, on leur a empêché de pratiquer leur culte, nos pasteurs ont été envoyés aux galères ou ont été pendus, nos morts n'avaient pas le droit d'être enterrés dans les cimetières, etc.
Même à l'école, quand on étudiait les guerres de religion, je ne me suis jamais positionné comme Protestant : l'école étant laïque je ne me serais jamais permis de mettre en avant ma religion car c'est grâce à cette laïcité que j'étais l'égal de mes compagnons Catholiques (majoritaires) devant la République.
Pour la petite histoire, mon meilleur ami au lycée était Juif : il ne me l'a avoué que six mois
après que nous nous soyons fréquentés.
Nous étions donc dans une époque de respect où chacun, Musulman, Catho, Juifs, Protestants, n'arborait pas sa religion et ça fonctionnait super bien.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur la responsabilité totale de la République : dernièrement, un membre de mon association est venu me voir pour me dire qu'un des locataires de son immeuble allait partir. Je lui ai demandé en quoi cela me concernait et il m'a répondu que je devais essayer d'intervenir auprès de l'OPH afin de faire en sorte que ce soit un Arabe qui puisse avoir le logement car c'était "mieux"...
J'organise aussi souvent des repas et des soirées pour les gens des quartiers. On est toujours obligé de servir des repas halal et même dans ce cas, cela pose problème à certains quand ce ne sont pas des Musulmans qui cuisinent. On fait ça dans un but de mixité culturelle et sociale mais je me rends compte que les familles d'origines Arabes (majoritaires) mettent à l'écart les "blancs" (qui sont souvent des personnes âgées).
Pareil pour les repas "partage" où chacun amène un peu de sa cuisine : c'est musique Arabe à fond la caisse et les "blancs" sont laissés de coté. Cela devient l'annexe du bled, si bien que les "blancs" ne viennent plus. Bilan, on a annulé ces repas partage car ils ne servent plus à rien.
Pourtant, les repas sont financés en grande partie par l'argent des mairies, c'est à dire par les cotisations des citoyens. Malgré cela, il n'y a aucune reconnaissance, aucun effort de la part de ces familles.