Ce n'est pas tout à fait vrai : la différence existait avant la colonisation mais elle était plus floue. Il n'existait pas à l'origine de groupe ethnique pure dont les rwandais seraient les descendants. Donc la hiérarchie existait déjà et c'est plus la classe sociale qui en fut l'origine que de réelles différences physiques ou culturelles.
Les belges n'ont en rien hiérarchisé ni créé de divisions qui n'existaient déjà, ils ont simplement "officialisé" les différences en l'imposant sur les papiers d'identité. Ils se sont, simplement, servis des divisions existantes pour mieux régner.
https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-religieuses-2014-2-page-119.htm
Il n’y a pourtant pas de « Hutu » sans « Tutsi » : l’un ne va pas sans l’autre. « Hutu » avait du reste un double sens puisqu’il désignait le dépendant ou l’inférieur dans un rapport de clientèle ou hiérarchique, fût-il lui-même un « Tutsi »
il signifie aussi « pauvre » dans un groupe de langues de l’Angola oriental Au Rwanda même, le premier sens de « Hutu » semble avoir été celui de « sujet, serviteur », en référence à une personne libre. Le terme s’utilise donc en relation avec des mots signifiant « riche » ou « maître ». L’opposition « Hutu Tutsi » serait ainsi née après qu’un groupe s’identifiant comme « Tutsi » eut acquis des serviteurs, que ceux-ci eussent ou non été des « Tutsi ».
Quod non, Vansina suppose que l’opposition entre les deux mots a pu naître ou se vulgariser dans un contexte de petite chefferie dirigée par un Tutsi « ethnique », quelque part au Rwanda oriental, peut-être au Gisaka Par la suite, l’usage se serait répandu d’appeler « Tutsi » les gouvernants, « Hutu » les sujets et les étrangers , tout en maintenant l’appellation pour les Tutsi « ethniques » et en l’étendant aux possesseurs de troupeaux importants, à l’intérieur ou à l’extérieur du Rwanda central, dirigé par la dynastie nyiginya. Les pasteurs hima du Nord-Est et ceux du Bigogwe seraient ainsi devenus des « Tutsi » aux yeux des
bami nyiginya , simplement parce qu’ils étaient éleveurs alors que les autres populations vivant à l’ouest et au nord-ouest du Rwanda central furent globalement affublées du sobriquet méprisant de « Hutu », qui impliquait notamment que lesdits
bami refusaient toute légitimité politique à leurs notables, qu’ils auraient reconnus comme « Tutsi » dans le cas contraire, réservant alors le dévalorisant qualificatif au commun.