Du rififi chez les brics
La nouvelle carte publiée par la Chine intègre des territoires indiens et russes.
Aujourd'hui importantes manœuvres militaires indiennes à la frontière chinoise.
Ah ouais, ça y est il sont chaud patate.
Une carte des ambitions territoriales chinoise provoque la colère de l’Asie
Mardi 5 septembre 2023
Quatre pays d’Asie du Sud-Est et l’Inde ont vivement protesté après la publication d’une carte chinoise annexant une partie de leur territoire. Même la Russie a réagi. La Chine affirme ses ambitions hégémoniques sur l’Asie, mais se heurte à des résistances.
Imaginez qu’un voisin de la France publie demain une carte sur laquelle des pans entiers de l’hexagone apparaissent comme son propre territoire. Et qu’il fasse la même chose avec tous ses voisins. C’est ce qu’a fait la Chine la semaine dernière, et ça ne plait pas du tout à ses voisins, on s’en doute.
La carte, publiée par le ministère des ressources naturelles, et diffusée sur les réseaux sociaux, s’attire les condamnations des voisins asiatiques de la Chine, les uns après les autres. Malaisie, Philippines, Vietnam, Indonésie, et bien sûr le cas particulier de Taiwan, que Pékin considère comme une partie égarée de son propre territoire.
Mais la plus forte réaction est venue d’Inde, dont deux régions contestées dans l’Himalaya sont carrément présentées comme chinoises. Le gouvernement de Narendra Modi a répondu hier par une démonstration de force militaire aux frontières du Pakistan et de la Chine.
Depuis des affrontements frontaliers sanglants il y a 3 ans, l’Inde et la Chine s’observent en chien de faïence, et ne parviennent pas à réduire la tension malgré plusieurs rencontres.
Ces affirmations de souveraineté chinoise sur plus de 80% de la mer de Chine méridionale, ou sur des pans de territoire indien, ne sont pas nouvelles. La première carte dans laquelle Pékin revendique l’essentiel de la Mer de Chine remonte à 2009.
Ce qui a changé, et qui explique les réactions très vives, c’est d’une part que la Chine s’est donné les moyens militaires de ses ambitions ; et qu’elle n’hésite pas à bousculer ses voisins pour imposer le fait accompli. Elle a militarisé toute une série d’atolls en mer de Chine, et le mois dernier, un incident a opposé les garde-côtes chinois à la marine philippine. Les réactions sont à la hauteur de la menace : même des pays très prudents dans leur relation à la Chine, comme l’Indonésie ou la Malaisie, ont émis des protestations fermes.
Paradoxalement, la grande amie russe de Pékin s’est trouvée obligée de réagir aussi à cette carte qui semble l’empiéter d’un pan de territoire. Moscou a émis un communiqué sec rappelant que les différents frontaliers ont été réglés par un traité en 2001.
Y a-t-il un risque de conflit ? La Chine ne pratique pas un impérialisme classique : elle n’a pas été en guerre depuis une expérience malheureuse avec le Vietnam en 1979. En revanche, elle vise à imposer son hégémonie dans la zone asiatique en démontrant à chaque instant sa supériorité militaire, et en faisant valoir les avantages économiques de travailler avec elle. Taiwan est un cas à part, sur lequel la guerre est effectivement possible.
Il y a deux obstacles à cette ambition régionale : le plus important est la présence américaine, qui permet à une grande partie de l’Asie du Sud-Est de résister à la pression chinoise. Le second est la montée en puissance de l’Inde : cette nouvelle crispation survient quelques jours après le sommet des Brics à Johannesburg, et montre bien à quel point le club des émergents, même élargi, n’a rien d’un bloc cohérent.
Dernier signe de ce climat de tension, l’absence du numéro un chinois Xi Jinping du sommet du G20 qui se tient en fin de semaine à New Delhi. La carte contestée est le symptôme, et pas la cause, de ce jeu dangereux, dans la zone la plus militarisée au monde.
Quatre pays d’Asie du Sud-Est et l’Inde ont vivement protesté après la publication d’une carte chinoise annexant une partie de leur territoire. Même la Russie a réagi. La Chine affirme ses ambitions hégémoniques sur l’Asie, mais se heurte à des résistances.
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